Hockey sur glace – Vauclair: «Les prestations sont trop bonnes pour changer quoi que ce soit»

GE Servette bouclera sa saison régulière le lundi 14 mars à Langnau. Si, ce soir-là, les joueurs de Jan Cadieux quittent l’Ilfis emmentalois sans être parvenus à accrocher une position dans le top 6, contraints alors de devoir se coltiner une mini-série en pré-play-off, sans doute repenseront-ils à tous ces précieux points cédés durant l’hiver au néo-promu de Porrentruy.

Vendredi, pour la troisième fois en autant de confrontations, les deux équipes se sont quittées sur la marque de 4-3. Pour la troisième fois également, elles ont dû prolonger les débats au-delà des 60 minutes. Et pour la deuxième fois, le HC Ajoie est parvenu à doubler sa récompense. À ce jour, les Grenat sont les seuls à avoir perdu davantage de points (5) contre les Jurassiens qu’ils n’en ont obtenus (4). Le quatrième et dernier rendez-vous agendé mercredi prochain aux Vernets permettra peut-être de faire basculer le bilan comptable en leur faveur. Ils le doivent, assurément.

Les joueurs de Julien Vauclair, eux, ont fêté ce deuxième succès de suite à domicile, le 8^e de l’exercice, comme une qualification pour les play-off. Qu’ils n’atteindront pas, évidemment. «On a eu ce que l’on méritait. Et ce soir (ndlr: vendredi), on méritait amplement ces deux unités eu égard à la façon dont les gars ont bossé. Leur éthique de travail a été irréprochable. Cela aurait été dur pour eux de sortir avec un revers», admettait Vauclair quelques minutes après avoir été ovationné par le kop de Porrentruy. 

Cette victoire, Maxime Fortier l’a suivie depuis la tribune principale, comme à son habitude depuis l’arrivée de l’ancien arrière international à la barre du HCA. Depuis sa prise de fonction sur le banc, Vauclair bénéficie d’un luxe que son prédécesseur, Gary Sheehan, n’a jamais eu durant le championnat. Celui de pouvoir compter sur cinq étrangers valides.

Alors que les Ajoulots ont traversé l’hiver avec deux, trois, ou très occasionnellement quatre renforts étrangers sur la glace, Vauclair a désormais le choix. Pour autant, à Davos (ce samedi soir à 19h45), Fortier sera à nouveau désigné surnuméraire, comme à chaque fois depuis la reprise post-olympique. Quand bien même la lanterne rouge de National League livrera son sixième match en neuf jours, l’entraîneur intérimaire maintient le statu quo.

Aucun tournus, malgré la fatigue grandissante. Une sanction contre le Montréalais de 24 ans, embauché au cœur de l’automne pour palier les nombreuses défections? Même pas. Julien Vauclair a simplement défini ses intentions dès son arrivée et s’y tient. «Ceux qui n’ont pas de contrat pour la saison prochaine sont des candidats potentiels, étrangers ou suisses. Je pourrais opter pour des changements, oui, mais les prestations sont jusqu’à présent trop bonnes pour opérer des modifications», justifie le coach.

En pratiquant de la sorte, le manager général prépare déjà le terrain pour le futur. Aujourd’hui, le HC Ajoie possède quatre Québécois sous contrat pour le championnat à venir: le défenseur Jérôme Leduc ainsi que les attaquants Phil-Michaël Devos, Guillaume Asselin et Jonathan Hazen. Ceux du Suédois Sebastian Wännström et de Fortier se terminent prochainement.

Cette fin de concours permet ainsi à Vauclair de passer ses évaluations dans la réalité du terrain. Depuis le début de l’année, Maxime Fortier n’a été aligné qu’à trois occasions, toutes sous l’ère Sheehan. Julien Vauclair a néanmoins eu un aperçu plus complet de la valeur de son attaquant québécois (25 matches avec le HCA) que celle du Suédois, durement touché par le Covid durant les fêtes de fin d’année et qui n’a eu que neuf opportunités de porter le maillot jaune et noir jusqu’à la semaine passée. Sa dernière présence remontait d’ailleurs au 30 novembre.

Les deux matches amicaux remportés face à Bienne et Berne durant la pause olympique ont dès lors permis au coach ajoulot d’effectuer une revue d’effectif. «Si j’ai commencé avec ces quatre-là, c’est parce qu’ils m’ont le plus convaincu durant mes trois premières semaines passées à la tête de l’équipe. Sebastian sortait d’un Covid long avec complications, il a fourni un effort incroyable en l’espace d’une semaine. Jamais je n’aurais pensé qu’il reviendrait dans un tel état de forme. J’avais des doutes quant à sa capacité à tenir le coup. J’imaginais faire des rotations. Mais il tient bien.»

L’ailier scandinave s’est fait l’auteur d’une réussite et d’une passe décisive depuis son retour au jeu. À en juger la prestation offensive de ses étrangers depuis une semaine, le choix de l’entraîneur paraît légitime, même si le taux d’efficacité dans les tirs de Fortier (14,71% de réussite en moyenne) se révèle bien supérieur à celui de Wännström (10,53%) et Asselin (10,77%).

Des 25 cases occupées sur la liste des pointeurs (buts et assists) lors des cinq matches joués, 16 le sont par un membre de la brigade canado-suédoise. « On ne change pas une équipe qui gagne. Certes, on n’a pas tout gagné depuis une semaine (ndlr: 2 victoires et 3 défaites), mais il m’est difficile de changer quelque chose vu ce que le groupe présente actuellement.» Se passer des services de Leduc, le pilier de l’arrière-garde? Impossible. Laisser au repos un Devos valide, qui n’a pas manqué une seule partie officielle au HCA en sept ans? Inimaginable.

Ce samedi soir à Davos, Maxime Fortier sera par conséquent à nouveau désigné surnuméraire. «Je n’ai rien à lui reprocher. Il travaille fort à l’entraînement et toujours avec le sourire, admet Julien Vauclair. C’est une décision sportive basée sur ce que j’ai vu en un mois.»