BahreïnLes Bahreïnis aux urnes pour des législatives sans opposition
Les partis d’opposition ont été interdits par le pouvoir en 2016 et 2017, dans ce pays dénoncé régulièrement par les organisations de défense des droits de l’homme.
Les Bahreïnis sont appelés aux urnes samedi pour des élections législatives sans surprise majeure attendue dans le petit royaume du Golfe où les représentants de l’opposition ne sont pas autorisés à se présenter. Un nombre record de 330 candidats parmi lesquels 73 femmes se disputent les 40 sièges de la chambre basse du Parlement, qui conseille le roi Hamad ben Issa al-Khalifa, au pouvoir depuis la mort de son père en 1999.
L’absence de représentants des deux principaux groupes de l’opposition, Al-Wefaq (chiite) et Waad (laïc), interdits par le pouvoir en 2016 et 2017, suscite toutefois des appels au boycott. «Ces élections n’apporteront aucun changement», a affirmé à l’AFP Ali Abdulemam, un militant des droits humains bahreïni, basé au Royaume-Uni. «Sans opposition nous n’aurons pas un pays sain», a-t-il ajouté.
Tentative de piratage
Les sites internet du Parlement et de l’agence de presse officielle ont été victimes vendredi d’une opération de piratage, mais étaient rétablis samedi, ainsi que le site officiel des élections, inaccessible jusqu’à 09h30. Le ministère de l’Intérieur a fustigé sur Twitter une action visant à «entraver les élections et faire circuler des messages négatifs dans des tentatives désespérées» de décourager les électeurs de voter.
Allié clé des Etats-Unis dans la région, Bahreïn a été secoué par des troubles en 2011, lorsque les forces de sécurité ont réprimé des protestations menées notamment par des partis chiites réclamant une monarchie constitutionnelle. La famille régnante est issue de la communauté sunnite. Depuis, de nombreux dissidents ont été emprisonnés et des centaines ont été déchus de leur nationalité.
Le scrutin est organisé dans un «environnement de répression politique», a dénoncé jeudi Amnesty International. «Aujourd’hui, à Bahreïn, il n’y a pas de véritable opposition politique», a déclaré Amna Guellali, directrice régionale adjointe de l’ONG. Le royaume de seulement 1,4 million d’habitants a fait l’objet d’une visite du pape récemment et dit ne tolérer «aucune discrimination, persécution ou division basée sur l’ethnie, la culture ou la croyance». Manama, qui accueille la cinquième flotte américaine, avec environ 7800 militaires déployés dans le pays, et une base britannique, accuse régulièrement l’Iran chiite d’être derrière les troubles dans le royaume, ce que Téhéran nie.
Isolement politique
En 2018, le pays a adopté des lois dites d’isolement politique et civil interdisant aux anciens membres des partis d’opposition non seulement de se présenter au Parlement, mais aussi de siéger aux conseils d’administration d’organisations civiles. Depuis, entre 6000 et 11000 citoyens ont été visés par ces lois, de manière rétroactive, a estimé l’ONG Human Rights Watch dans un rapport publié en octobre. Pour l’organisation de défense des droits humains, ces élections «offrent peu d’espoir de résultats plus équitables qu’en 2018».