Coupe du monde: les valeurs de Walid Regragui, sélectionneur du Maroc

Actualisé

Qatar 2022«C’est une personne qui arrive à tirer le meilleur de chacun»

L’entraîneur de Lancy Samir Boughanem a joué avec le sélectionneur marocain Walid Regragui. Né en France, il se projette sur la demi-finale France – Maroc de ce mercredi soir.

Renaud Tschoumy
par
Renaud Tschoumy
Samir Boughanem, ici sous le maillot de Servette.

Samir Boughanem, ici sous le maillot de Servette.

Eric Lafargue/LPS

Il est Marocain. Il est né en France, tout près de Genève (Ambilly). Il a fait l’essentiel de sa carrière en Suisse. À Étoile Carouge, Xamax, Meyrin et Servette notamment. Samir Boughanem est depuis avril dernier l’entraîneur du FC Lancy (2e ligue interrégionale).

En tant que Marocain né en France, il apparaissait comme la personne idéale pour évoquer la demi-finale France – Maroc de ce mercredi soir. Mais la discussion a pris une autre tournure lorsqu’il nous a dit qu’il avait joué avec l’actuel sélectionneur du Maroc, Walid Regragui.

«J’ai le souvenir de quelques matches internationaux avec lui, explique Boughanem. Je compte 12 sélections avec le Maroc, et comme nous sommes de la même génération, nous nous sommes donc côtoyés.»

Une photo de l’équipe du Maroc avant un match de qualification pour la Coupe d’Afrique des Nations 2003 contre le Sierra Leone. Samir Boughanem a le numéro 17 (3e en haut depuis la gauche), Walid Regruagi le 2 (en bas à droite).

Une photo de l’équipe du Maroc avant un match de qualification pour la Coupe d’Afrique des Nations 2003 contre le Sierra Leone. Samir Boughanem a le numéro 17 (3e en haut depuis la gauche), Walid Regruagi le 2 (en bas à droite).

DR

Boughanem n’hésite pas à donner son avis sur le sélectionneur à succès de l’équipe marocaine. «C’est une personne très humble, passionnée de foot. Walid a de vraies valeurs, et il a réussi à les transmettre à ses joueurs. C’est une personne qui arrive à tirer le meilleur de chacun. Il n’a d’ailleurs pas hésité à aller à la rencontre de tous les cadres de l’équipe avant la Coupe du monde. Il a eu peu de temps pour construire son équipe, puisqu’il n’a été nommé qu’il y a trois mois. Mais visiblement, son message a passé.»

«Si un coach arrive à faire comprendre à un joueur comme Ziech qu’il doit jouer pour la nation, alors tout est permis.»

Samir Boughanem, footballeur marocain né en France

Et lui, Samir Boughanem, que pense-t-il de son équipe du Maroc? «Ils sont prêts à mourir sur le terrain. Pour le pays, pour la nation. Il y a forcément des idées politiques derrière tout cela, mais si un coach arrive à faire comprendre à un joueur comme Ziech qu’il doit jouer pour la nation, alors tout est permis. Il ne faut pas oublier que le peuple marocain est très attaché à sa religion. Du coup, le monde arabe et le continent africain s’attachent à lui avant cette demi-finale.»

Et comment Boughanem explique-t-il cette exceptionnelle première demi-finale mondiale d’une sélection africaine? «Je commencerai par dire qu’il y a un immense travail de formation au Maroc, et visiblement, cela porte ses fruits. Maintenant, on ne sait jamais quand cela va venir. Je pensais bien que cela allait sortir une fois, mais je ne savais pas quand. Visiblement, c’est maintenant. Ce n’est pas une surprise: le Maroc a actuellement sa meilleure équipe de tous les temps.»

Au Maroc pour le 8e de finale

Samir Boughanem est allé suivre le huitième de finale victorieux (0-0 ap, 3-0 aux tirs au but) contre l’Espagne au pays. «C’est vrai, ma femme et moi nous sommes dit que nous pouvions faire un aller-retour. Nous avons de la famille à Tanger. C’était de la folie. J’ai pu me rapprocher de cette chaleur marocaine à cette occasion. C’était exceptionnel.»

Mais entre son pays d’origine, le Maroc, et son pays de naissance, la France, son cœur balance malgré tout. «Je suis Marocain, j’ai porté le maillot marocain, donc il est évident que je souhaite un exploit du Maroc ce mercredi soir contre les Bleus. Mais je n’oublierai jamais ce que la France a fait pour moi. Et dans ma vie, avant la demi-finale de ce soir, j’ai toujours soutenu la France. Et la Suisse, aussi! Mes enfants sont Suisses, moi je ne le suis pas. Ou pas encore…»

Mais il conclut: «Après la victoire aux tirs au but contre l’Espagne, j’ai dit à tous mes amis suisses: Le Maroc va vous venger!» Cela ne consolera pas Shaqiri et ses coéquipiers, mais en tout cas, le Maroc l’a fait.

Et les entraîneurs africains?

Samir Boughanem a passé son diplôme UEFA A. Il a commencé par des formations juniors à Lancy, avant de se voir confier la responsabilité de la première équipe du club. Et il se pose des questions sur le destin des entraîneurs arabes ou africains. «Combien sont-ils à avoir entraîné de grandes équipes en Europe? La réponse est simple: aucun!»

Mais Boughanem veut croire que les choses changeront: «Walid Regragui a réussi à mettre en valeur les entraîneurs africains. Il a montré qu’ils étaient tout aussi capables que les Européens à pouvoir diriger une équipe. Les résultats du Maroc à cette Coupe du monde ont donc ouvert des portes. Et je m’en réjouis.» /RTY

Ton opinion