Européens multisportsAjla Del Ponte: «Jamais on n’avait envisagé un tel scénario»
Pour la Tessinoise et les autres membres du relais 4x100 m, l’élimination subie dès les demi-finales aux Championnats d’Europe de Munich constitue une très mauvaise surprise. Une énorme déception également.
- par
- Chris Geiger Munich
Quelle désillusion! Alors que la délégation suisse d’athlétisme brillait de mille feux depuis le début des Championnats d’Europe avec déjà quatre médailles dans son escarcelle, le relais féminin du 4x100 m a connu un énorme échec vendredi matin sur la piste du Stade olympique. Géraldine Frey, Ajla Del Ponte, Salomé Kora et Melissa Gutschmidt ont connu l’élimination dès les demi-finales, se classant seulement cinquièmes de leur série avec un chrono catastrophique (43’’93).
Si les Suissesses ont couru près de deux secondes plus lentement que le record national (42’’05), c’est avant tout en raison d’un dernier passage de témoin désastreux. «J’ai dû stopper mon accélération, ce qui m’a fait partir quasi à l’arrêt, regrette Melissa Gutschmidt, qui aurait certainement rêvé meilleur scénario pour son entrée en lice dans un grand rendez-vous. Je suis peut-être partie trop tôt, ou alors Salomé a peut-être séché sur sa fin de course. C’est difficile à dire car ça s’est passé tellement vite. Une chose est sûre en revanche, tout s’est joué sur ce dernier passage.»
À l’image de la jeune Vaudoise (20 ans), toutes les Helvètes étaient assommées à l’heure de l’analyse. Car cette élimination prématurée constitue une immense surprise. «La déception est énorme, concède Salomé Kora. On avait de grosses attentes. On était sûres de pouvoir passer en finale.»
«Jamais on n’avait envisagé un tel scénario, confirme Ajla Del Ponte. Ça fait mal car on se projetait déjà vers la finale. Il fallait évidemment faire ce tour de piste et ramener le témoin à la ligne d’arrivée, mais jamais on ne s’était dit que ça n’allait pas passer. On se devait de venir avec beaucoup de confiance.»
Cette dernière n’a malheureusement pas suffi vendredi dans la grisaille bavaroise, parfait symbole de cette course morose. La Tessinoise, en totale perte de confiance cette saison suite à une blessure à la cuisse durant l’hiver, veut se servir du meeting Athletissima, prévu vendredi prochain à la Pontaise, pour effacer cette grande déception.
«Il faut regarder vers l’avant, même si c’est extrêmement difficile de le faire en ce moment, souffle-t-elle. On espère que Lausanne sera enfin notre couronnement après une saison faite de hauts et de gros bas. Même si, dans l’immédiat, il y a une grande frustration car on sait qu’on vaut mieux que ça. C’est difficile, mais il faut qu’on reste toutes unies. Il y a beaucoup d’émotions.»
Touchée, la Locarnaise de 26 ans, qui a en outre annoncé mettre un terme à sa saison après Athletissima, a ensuite refusé d’entrer dans la polémique liée à l’absence de Mujinga Kambundji, la cheffe de file de ce relais 4x100 m et accessoirement meilleure sprinteuse du pays. «Même sans elle, on avait les capacités de se qualifier pour la finale, balaie-t-elle. On l’avait fait à Eugene. Alors pourquoi pas ici? Si on avait tout bien fait, on aurait obtenu notre qualification avec un grand Q. De toute manière, c’était normal de se passer de Mujinga car elle devait se reposer avant sa finale du 200 m prévue en soirée.»
Positive de nature, Ajla Del Ponte s’est efforcée de trouver une lueur dans le ciel bouché de Munich. Elle se dit d’ailleurs persuadée que le podium international derrière lequel courent les Suissesses va arriver un jour. «On sait qu’on peut le faire, mais ce n’était apparemment pas ici que ça devait se passer, philosophe-t-elle. On voulait ramener la médaille pour le pays. C’est aussi pour ça que la déception est si grande.» Et le résultat si inattendu.