AsieLa Chine lance des exercices militaires dans le détroit de Taïwan
Pendant deux jours, Pékin va mener des exercices militaires de «préparation au combat» dans le détroit de Taïwan, qui accuse Pékin de menacer la «stabilité et la sécurité» dans la région.
L’armée chinoise a lancé samedi trois jours d’exercices militaires dans le détroit de Taïwan, sur fond de tensions avec l’île après une rencontre aux États-Unis de sa présidente Tsai Ing-wen et du troisième personnage de l’État américain.
Ces manœuvres «servent de sérieux avertissement contre la collusion entre les forces séparatistes recherchant +l’indépendance de Taïwan+ et les forces extérieures, ainsi que leurs activités provocatrices», a averti dans un communiqué un porte-parole de l’armée chinoise, Shi Yi.
Taïwan fait face à un «expansionnisme autoritaire» de la part de la Chine, a dénoncé la présidente Tsai Ing-wen. «Ces dernières années, nous avons été confrontés à un expansionnisme autoritaire continu», a-t-elle relevé, ajoutant que Taïwan «continuerait à travailler avec les États-Unis et d’autres pays (...) pour défendre les valeurs de liberté et de démocratie».
Des exercices à tirs réels se tiendront lundi dans le détroit de Taïwan à proximité des côtes du Fujian (est), la province qui fait face à l’île, ont par ailleurs indiqué les autorités maritimes locales. Taipei a estimé que ces manœuvres menacent la «stabilité et la sécurité» dans la région Asie-Pacifique.
Ces annonces font suite à la visite cette semaine de la présidente Tsai Ing-wen aux États-Unis, où elle a rencontré mercredi Kevin McCarthy, le président de la Chambre des représentants. Pékin avait dans la foulée promis des «mesures fermes et énergiques» en représailles. La Chine voit avec mécontentement le rapprochement à l’œuvre ces dernières années entre les autorités taïwanaises et les États-Unis, qui malgré l’absence de relations officielles fournissent à l’île un soutien militaire substantiel.
La Chine considère Taïwan (23 millions d’habitants) comme l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Les États-Unis ont reconnu la République populaire de Chine en 1979 et ne doivent en théorie avoir aucun contact officiel avec la République de Chine (Taïwan), en vertu du «principe d’une seule Chine» défendu par Pékin.
Touristes et mer agitée
Depuis jeudi, Pékin accentue la pression militaire sur Taïwan avec l’envoi de navires de guerre et d’aéronefs dans le détroit. La localisation exacte des nouvelles manœuvres n’est pas précisée, hormis les exercices à tirs réels de lundi, qui auront lieu autour de Pingtan, le point de Chine continentale le plus proche de Taïwan.
La partie la plus étroite du détroit entre les côtes chinoises et l’île fait environ 130 kilomètres de large. Depuis plusieurs jours, la Chine a aussi renforcé la présence de ses garde-côtes dans le détroit pour des patrouilles exceptionnelles.
Vendredi, des journalistes de l’AFP à Pingtan ont aperçu un navire militaire et au moins deux hélicoptères militaires transiter par le détroit de Taïwan. Il n’était toutefois pas clair si ces mouvements représentaient une augmentation du nombre habituel de patrouilles chinoises dans la zone.
«Se bercer d’illusions»
En août, Pékin avait lancé des manœuvres militaires sans précédent autour de Taïwan lorsque la démocrate Nancy Pelosi, qui a précédé Kevin McCarthy au perchoir, s’était rendue sur l’île. La réponse à ce stade à la rencontre avec le numéro trois américain n’a rien de comparable avec l’été 2022.
Huit navires de guerre et 42 avions de chasse chinois ont été détectés samedi par le ministère taïwanais de la Défense autour de l’île. Vingt-neuf avions ont dépassé la ligne médiane qui sépare la Chine de Taïwan, a précisé le ministère, dénonçant des «actions irrationnelles».
Ces manœuvres militaires interviennent au lendemain d’une visite d’État en Chine d’Emmanuel Macron, au cours de laquelle la question de Taïwan a été évoquée avec le président chinois Xi Jinping. «La conversation a été dense et franche» à ce sujet, a indiqué vendredi l’Élysée. «Quiconque pense que la Chine va faire des compromis sur Taïwan se berce d’illusions», a de son côté assuré jeudi Xi Jinping à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, lors d’une rencontre à Pékin, selon des propos rapportés par la diplomatie chinoise.