AutomobileRetrouvailles en demi-teinte pour les constructeurs à Munich
Le salon de l’automobile de Munich ouvre ses portes lundi, avec un horizon assombri à cause la pénurie internationale de puces.
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Plusieurs usines des principales marques ont dû fermer sporadiquement ces derniers mois par manque de composants.
AFPPénurie de puces et coûteuse électrification: à peine remise des effets de la crise sanitaire, la filière automobile réunie au salon allemand de la mobilité IAA affronte de nouveaux défis, alors que le variant Delta menace la reprise.
Pour les constructeurs privés de grands rendez-vous internationaux par la pandémie, le salon professionnel qui commence lundi à Munich a des allures de rentrée et de retrouvailles avec le public, accueilli à partir de mardi. L’année a pour l’instant bien commencé et les industriels ont rapidement renoué avec les bénéfices après avoir souffert en 2020 du Covid-19, qui a entraîné la fermeture d’usines et des pertes financières historiques.
Les 16 plus gros groupes du monde ont réalisé 71,5 milliards d’euros de profit opérationnel au premier semestre 2021, selon une analyse du cabinet EY. Mais l’horizon s’assombrit: la pénurie internationale de puces, conséquence d’une reprise éclair après la pandémie et d’une forte demande pour les appareils électroniques grand public, sème le désordre dans les chaînes d’approvisionnement et plombe le marché.
Ventes en baisse en Allemagne
Stellantis, Renault, Toyota, Volkswagen, Ford… plusieurs usines des principales marques ont dû fermer sporadiquement ces derniers mois par manque de composants. «Les constructeurs pourraient vendre 5,2 millions de véhicules de plus s’il n’y avait pas la crise des semi-conducteurs», estime l’analyste allemand Ferdinand Dudenhöffer.
L’impact sur les bénéfices devrait se faire sentir début 2022, les ventes restant encore loin de leur niveau d’avant-crise. En Allemagne, premier marché européen, les ventes étaient en baisse de 23% en août, tandis qu’en France, les immatriculations ont lâché 15%. Et la Chine, «locomotive du marché mondial» a «nettement perdu en élan ces trois derniers mois», ajoute Ferdinand Dudenhöffer.
«Au troisième trimestre, le confinement en Malaisie nous a particulièrement touchés», a noté dimanche à Munich Ola Källenius, patron du fabriquant des Mercedes-Benz, Daimler. «Nous avons l’espoir de retrouver un développement positif» sur les trois derniers mois de l’année, a-t-il ajouté, précisant toutefois qu’un manque «structurel» de capacités de production pèserait sur l’industrie également en 2022.
Défi électrique
Le manque de puces vient s’ajouter au grand défi de l’électrification pour la branche, alors que la Commission européenne pousse à la fin des moteurs thermiques d’ici 2035. De nombreux constructeurs se sont engagés radicalement dans un virage électrique coûteux. L’IAA fait donc la part belle aux modèles à batteries: Volkswagen, deuxième constructeur mondial et plus grand groupe représenté au salon – en l’absence de Toyota – n’expose pas de voitures thermiques.
Chez Mercedes, l’attention se tourne vers le luxueux navire amiral électrique EQS, dévoilé en avril -- sans pour autant complètement oublier l’ancien monde: le stand accueillera aussi le nouveau bolide hybride de la marque AMG, accélérant en 2,9 secondes de 0 à 100 pour une vitesse maximale de 319 km/h, mais dont la batterie n’offre que 12 kilomètres d’autonomie. Renault a amené la Mégane et la R5 électriques et va dévoiler un modèle conçu pour les VTC.
BMW lèvera le voile sur une vision futuriste – à horizon 2040 – d’une voiture électrique baptisée «Circle» 100% recyclable et faite entièrement de matériaux réutilisés ou de ressources renouvelables. À l’image d’une transition vers les motorisations dites «zéro émission», la manifestation allemande, habituée à exposer des voitures toujours plus grandes et extravagantes, relègue même à l’arrière-plan la voiture en tant que telle: plus de 70 marques de vélos sont présentes pour tenter d’attirer de nouveaux publics.
Plusieurs groupes d’activistes climatiques ont d’ores et déjà annoncé des actions de contestation pendant la durée de l’événement. L’IAA, qui se décrit désormais comme un salon consacré à la «mobilité» plutôt qu’à l’auto, marque aussi le tournant vers de nouvelles formes de revenus – autopartage, voiture sur abonnement – voyant l’attractivité de la voiture personnelle décliner.