Hockey sur glace – Julien Sprunger patine plus vite que le temps

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Hockey sur glaceJulien Sprunger patine plus vite que le temps

À 36 ans, la légende de Fribourg-Gottéron vit une période faste tant sur le plan individuel que collectif. Et s’il allait au bout de son rêve en gagnant le titre avec Son club.

Grégoire Surdez
par
Grégoire Surdez
Julien Sprunger guide les Dragons sur la voie qui peut les emmener au titre de champion.

Julien Sprunger guide les Dragons sur la voie qui peut les emmener au titre de champion.

Pascal Muller Freshfocus

Ce n’est pas compliqué le bonheur. Un peu d’harmonie, un peu de réussite, une place de leader, une patinoire pleine, tout un Canton aux anges. Et au milieu de tout ça un capitaine, un vrai, qui patine plus vite que le temps qui passe. Julien Sprunger fait toujours des miracles sur la glace, lui qui a largement dépassé l’âge du Christ. L’enfant de Saint-Léonard est devenu le messie de la BCF Arena et vit une saison de rêve. Individuellement. Mais, et surtout, collectivement. «Je me sens bien sur la glace, bien dans ma ligne, bien dans mon équipe», résume-t-il avec une simplicité qui n’a d’égale que sa faculté à tuer un match.

Samedi soir, le serial buteur a encore sévi contre un Rapperswil pourtant redoutable. Deux buts, dont celui de la victoire lors de la prolongation. On dit souvent que les grands joueurs sont ceux qui sont décisifs. Julien Sprunger est un très grand joueur. Même lui, dit-il, a cessé de compter. «Je ne chasse pas les records, et je n’y pense pas. Les choses viennent d’elles-mêmes. Maintenant, cela ne veut pas dire que j’y suis insensible, non. J’y trouve une fierté par rapport à mon club, ma ville. Ou par rapport à certains grands joueurs du hockey suisse comme Ivo Rüthemann, Reto Von Arx ou Martin Plüss. Si on me place avec des légendes comme ça, c’est une immense fierté.»

Le cap des 700 points

L’ailier des Dragons va bientôt franchir un cap, un de plus: celui des 700 points en carrière en National League. De quoi consolider sa place (9e pour l’instant avec 687 points, 351 buts, 346 assists) dans le top 10 des meilleurs pointeurs de l’histoire du hockey suisse. À le voir évoluer avec la même envie qu’un jeune professionnel, on se dit que l’âge n’a pas de prise sur lui. «Le plaisir est le moteur de tout ça. Mais comme je l’ai dit, je bénéficie aussi d’un contexte général très favorable. Le club est dans une période de développement avec un magnifique outil de travail. Les dirigeants font aussi les efforts pour recruter des joueurs intéressants, que ce soit au niveau des Suisses et des étrangers. Il est clair que si nous étions en fond de classement, ce ne serait pas la même chose!»

Tout en haut de la National League, le panorama est superbe, paraît-il. L’horizon, dégagé, laisse poindre au loin la silhouette d’un vase jaune. «Ah ce rêve de titre avec mon club. Ce serait pour moi une autre façon de marquer l’histoire. Ce serait collectif et pas individuel. Et c’est quelque chose que j’ai véritablement à cœur d’accomplir. Nous ne sommes pas les candidats No 1 au titre. Tout du moins, ce n’était pas le cas sur le papier avant le début de la saison. Mais être en tête après une quarantaine de matches cela fait naître certaines ambitions légitimes. Notre parcours ne doit rien au hasard.»

Un peu comme la carrière de Julien Sprunger? «Si je suis en forme encore à mon âge, c’est que je n’ai pas dû faire tout faux par le passé, s’amuse-t-il. La recette de la longévité? Il n’y a pas de miracle. C’est du travail et de la rigueur au quotidien. Je dis toujours que jouer, ce n’est pas très compliqué. Une soirée de match, c’est génial. Mais c’est surtout le lendemain matin, lorsqu’il faut bosser loin des projecteurs, qu’il faut aussi répondre présent. C’est tous les jours que se construit une carrière. Et c’est ce qui permet de s’inscrire dans la durée.»

Un vrai travailleur

Le travail, souvent un mot un peu fourre-tout utilisé pour expliquer tout et n’importe quoi. Mais lorsque Julien Sprunger s’y colle, cela prend une autre dimension. Vingt saisons de National League ne se traversent pas sans tempêtes. Des commotions (une petite dizaine), des blessures aux genoux, des épaules meurtries, on ne revient pas de tout cela, plus fort encore, sans une capacité hors du commun à travailler fort.

À 36 ans, Julien Sprunger lance et compte comme un étranger (25 points , 13 buts et 12 assists en 29 matches). La remarque le fait sourire. «Les clubs n’hésitent pas à recruter des étrangers expérimentés et ça ne surprend pas qu’ils soient performants. C’est d’ailleurs pour cela qu’on va les chercher. Les joueurs suisses ont tendance à être considérés comme des «vieux» au-delà de trente ans. Moi j’ai la chance d’avoir la confiance de mes entraîneurs et mon rôle est toujours important dans l’équipe. Alors oui, c’est vrai que je prends beaucoup de plaisir en ce moment. Plus la fin de carrière approche et plus je me dis que je dois profiter au maximum de ces moments-là.»

Avec encore un an de contrat en poche, Julien Sprunger est encore bien loin de la maison de retraite. D’autant que rien n’est exclu pour la suite. Si le corps dit oui, la tête, qui nage en plein bonheur, ne dira pas le contraire.

Ce n’est pas compliqué…

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