États-UnisLe chef de cabinet, la femme du juge et les théories du complot
Virginia Thomas, épouse du juge le plus conservateur de la Cour suprême des États-Unis, a farouchement tenté, après l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021, de faire annuler l’élection de Joe Biden.
Washington se délecte, depuis ce vendredi, des derniers rebondissements de l’enquête sur l’assaut du Capitole, des SMS fantasques envoyés par la femme du juge le plus conservateur de la Cour suprême à Mark Meadows, chef de cabinet de Donald Trump, l’implorant de se battre contre les résultats de la présidentielle de 2020. «Aidez ce grand président à tenir bon, Mark!!! La majorité des gens savent que Biden et la gauche tentent le plus grand hold-up de l’histoire.»
Dans plus de 20 messages envoyés entre novembre 2020 et janvier 2021, révélés jeudi par le «Washington Post», Virginia Thomas, militante conservatrice assumée, pousse le plus proche conseiller du président à bloquer la victoire de Joe Biden à l’élection. Cette femme de 65 ans, surnommée «Ginni» par ses proches, est le dernier personnage d’une galerie de portraits haut en couleur de la capitale américaine, alors persuadés – comme des millions d’Américains – que la présidentielle de 2020 avait été volée à Donald Trump.
Mais «Ginni» est aussi l’épouse de Clarence Thomas, le juge qui siège depuis le plus longtemps dans le temple du droit américain, chargé de trancher les grands débats de société… et les litiges électoraux. Dénonçant un mélange des genres malsain, des élus démocrates appelaient, vendredi, le juge à se récuser de tout dossier lié aux élections.
«Ne concédez pas la défaite!»
Car durant des semaines, son épouse a détaillé, auprès de Mark Meadows, la stratégie à suivre pour conserver le pouvoir. «Ne concédez pas» la défaite, lance-t-elle dans un message au haut responsable de la Maison-Blanche. «Il faut du temps pour qu’une armée se forme.» Sans jamais lésiner sur la ponctuation, Virginia Thomas interpelle Mark Meadows directement. «Je pleure et prie pour vous, les gars!!!!!» écrit-elle. Le chef de cabinet est moins bavard dans ses réponses, invoquant Dieu pour décrire les efforts déployés pour renverser l’élection.
Le 19 novembre 2020, l’équipe juridique de Donald Trump tient une conférence de presse des plus déroutantes. L’avocate Sidney Powell, portant un cardigan pailleté aux motifs léopard, accuse pêle-mêle le Venezuela, Cuba et les démocrates d’avoir ourdi un complot électoral. À ses côtés, l’avocat du président, Rudy Giuliani, ancien maire de New York, dénonce «un scandaleux rideau de fer de censure». Sous la chaleur des projecteurs, un liquide marron, de la teinture capillaire, commence à dégouliner sur ses tempes.
Partie à cause du froid
Les nombreux messages de Virginia Thomas sont aujourd’hui examinés par une commission parlementaire, chargée de faire la lumière sur le rôle de Donald Trump et de cette galaxie conservatrice sur les événements du 6 janvier 2021, quand des milliers de personnes avaient envahi les rues du Washington et attaqué le Congrès américain pour tenter de bloquer la certification de la victoire de Joe Biden. «Ginni» Thomas était présente à cette manifestation, entourée de gens venus de tout le pays. Elle assure toutefois être partie avant les violences… parce qu’elle avait trop froid.