NeuchâtelCancer: «La Pascalette redonne une identité»
La coiffeuse Pascale Burri confectionne une prothèse capillaire partielle confectionnée avec les cheveux des patientes, lors d’une chimiothérapie.
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
Coiffeuse à Peseux, Pascale Burri (51 ans) a inventé une prothèse capillaire pour celles qui suivent un traitement de chimiothérapie. Baptisée «Pascalette», cette prothèse a pour particularité d’être confectionnée avec les cheveux des patientes. «Ma Pascalette redonne une identité… et du réconfort», glisse cette indépendante.
Une Pascalette nécessite une anticipation: «Pour disposer de cheveux en suffisance, il s’agit de récupérer les cheveux juste avant leur chute», précise Pascale Burri. Soignée d’un cancer à 35 ans, en 2006, la coiffeuse de Peseux sait que porter ses propres cheveux, c’est un apaisement face à la maladie.
Grand traumatisme
«La perte de mes cheveux a été mon plus grand traumatisme», confiait-elle l’hiver dernier au média «ArcInfo», sachant qu’une repousse est lente. «Ne rien faire de ces cheveux, quel gâchis!» s’est-elle dit, jusqu’à cette question d’une cliente: «Vendez-vous des fausses franges?».
Pascale Burri a cogité six mois pour élaborer et trouver une réponse à cette demande: des cheveux plaqués sur un bandeau ajustable assorti d’un foulard. Des cheveux qu’on peut laver, friser ou colorer. Les mèches fournies par une cliente peuvent être complétées par d’autres cheveux naturels si nécessaire.
Assurance invalidité
Son travail n’étant ni une perruque, ni un postiche, elle l’a appelé «Pascalette», une dénomination soufflée par son compagnon. La bonne nouvelle, c’est que l’assurance invalidité rembourse ses bandeaux de cheveux, dans la limite des forfaits accordés et le respect des réglementations. Certaines assurances complémentaires peuvent également entrer en matière.
Nommée meilleure apprentie de sa volée cantonale, dans un métier que l’on disait «beau pour les filles», Pascale Burri s’est émancipée dans un salon aménagé dans sa villa. Un lieu chaleureux et exclusif qui permet à chacun de s’y sentir rassuré et écouté face aux aléas de la maladie.
Son intimité avec ses clientes a confirmé l’idée que la perte des cheveux est un événement difficile, ce d’autant plus qu’il touche à l’esthétique et l’estime de soi.
Sur le front
«J’avais l’impression qu’on m’avait stabilobossé le mot «cancer» sur le front», reprend la coiffeuse. Pascale Burri avise ses clientes: «Je ne vends pas du rêve en disant que vos cheveux ne vont pas tomber, mais j’essaie de rendre ce moment le plus léger possible».
Une cliente dit tout le bien qu’elle pense d’une Pascalette, mais bien au-delà: «J’ai reçu de la sensibilité et de l’amitié dans ce salon empli de lumière», dit-elle. Sa conclusion: «J’en suis repartie avec un regain d’énergie positive: Pascale m’a donné un élan de dynamisme pour aller de l’avant et franchir les étapes de la maladie».