Votations fédérales du 25 septembrePour en finir en Suisse avec l’élevage intensif
L’initiative des milieux de protection des animaux veut promouvoir une autre forme d’élevage en Suisse. Mais pour l’industrie agroalimentaire et la droite, le pays en fait déjà bien assez dans ce domaine.
- par
- Eric Felley
Le premier objet soumis au vote le 25 septembre prochain est une initiative populaire qui vise à supprimer l’élevage intensif d’ici 25 ans. L’initiative a été lancée en juin 2018 par Sentience, une association de défense de la dignité animale, et déposée en octobre 2019. Elle est soutenue par la Fondation Franz Weber, Greenpeace, Pro Natura, les Vert.e.s, le PS, les Verts libéraux, ainsi que toutes les associations de défense des animaux.
Le cœur de cette initiative est donc le bien-être des animaux de rente, poules, cochons ou vaches. Les initiants estiment que l’élevage industriel intensif a fait son temps: «Comme la plupart des exploitations agricoles suisses le prouvent chaque jour, une production respectueuse des animaux et préservant les ressources est possible. Cependant, une grande partie des animaux vivent leur courte vie dans de grandes exploitations d’engraissement semblables à des usines.»
Changement de cap dans l’élevage d’animaux en Suisse
L’initiative veut promouvoir un changement de cap de l’élevage en Suisse, tout en donnant un délai appréciable de 25 ans pour cette transition. Elle avance cinq revendications, qui correspondent au cahier des charges de Bio Suisse en 2018: plus d’espace pour les animaux, des litières et des soins respectueux, l’accès quotidien à l’extérieur, l’abattage moins douloureux, la réduction de la taille des groupes d’animaux et l’interdiction d’importer des produits d’origine animale qui ne correspondent pas à ces critères.
Une initiative balayée par la droite
Au Parlement, l’initiative et un contreprojet proposé par le Conseil fédéral ont été balayés par la droite bourgeoise, UDC, PLR et Le Centre. Une large alliance s’est formée autour de l’Union suisse des paysans et des principaux acteurs du secteur agroalimentaire pour combattre l’initiative devant le peuple. Le 13 juin dernier, son comité a lancé la campagne contre une proposition qu’elle juge «inutile»: «Le niveau de bien-être des animaux en Suisse est inégalé et l’offre exigée par l’initiative est déjà plus que suffisante.»
Le problème des produits animaux importés
C’est aussi le message du conseiller fédéral Alain Berset lors de sa conférence de presse du 28 juin. Il a rappelé que la Suisse avait «une loi sur la protection des animaux parmi les plus strictes au monde». Les animaux de rente visés par l’initiative sont déjà très bien protégés: «Depuis 25 ans la Confédération encourage la stabulation respectueuse des animaux». Autrement dit: cette initiative «va trop loin». Selon lui, les prix de la viande, du lait ou du fromage devraient augmenter. Enfin, l’application de l’initiative pour les produits importés obligera à mettre en place un coûteux système de contrôle en délicatesse avec les accords commerciaux de la Suisse. Alain Berset estime enfin qu’une norme privée comme Bio Suisse n’a pas sa place dans la Constitution helvétique.