Football: Michel Pont et le souvenir de «merde» du Suisse – Tchéquie de 2008

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FootballMichel Pont et le souvenir de «merde» du Suisse – Tchéquie de 2008

L’ancien entraîneur assistant de l’équipe de Suisse était sur le banc lors du match d’ouverture de l’Euro 2008. Le Genevois s’est remémoré ce rendez-vous raté, dernier affrontement en date entre ces deux nations.

Chris Geiger
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Chris Geiger
Michel Pont s’est remémoré la défaite concédée en 2008 contre la République tchèque: un mauvais souvenir.

Michel Pont s’est remémoré la défaite concédée en 2008 contre la République tchèque: un mauvais souvenir.

Eric Lafargue

Le 7 juin 2008 demeure une date funeste pour l’équipe de Suisse. Celle de son entrée en lice manquée à l’Euro 2008, une compétition qu’elle organisait conjointement avec le voisin autrichien. La Nati, alors entraînée par Köbi Kuhn et son fidèle adjoint Michel Pont, s’était inclinée contre la République tchèque (0-1) lors du match d’ouverture. Quatre jours plus tard, elle était déjà éliminée de «son» tournoi après une nouvelle défaite face à la Turquie (1-2).

Depuis ce revers initial concédé par Alexander Frei et ses coéquipiers au Parc Saint-Jacques de Bâle, 5108 jours se sont écoulés. Suisses et Tchèques se retrouvent enfin ce jeudi soir (20 h 45) au Sinobo Stadium, antre du Slavia Prague, dans le cadre de la troisième édition de la Ligue des nations. Quatorze ans plus tard, l’heure de la revanche a donc sonné pour l’équipe nationale.

Si aucun joueur suisse présent sur la pelouse rhénane n’est encore en activité à ce jour, la douleur, elle, reste manifestement bien présente. Ce n’est pas Michel Pont qui dira le contraire. «Ce que m’inspire ce souvenir? De la merde!», s’exclame d’entrée l’ancien entraîneur assistant de l’équipe de Suisse (2001-2014).

« Les circonstances, lors du match d’ouverture contre la République tchèque, avaient été catastrophiques pour nous»

Michel Pont, ancien entraîneur assistant de l’équipe de Suisse

L’amertume du technicien de 67 ans est à la hauteur des attentes entourant la «Nati» en 2008. Il faut dire que cette dernière sortait d’une Coupe du monde aboutie, dont le vaillant parcours, immaculé du moindre but encaissé, avait pris fin en huitièmes de finale face à l’Ukraine.

«Ce qui est terrible, c’est qu’on voulait absolument enchaîner à l’Euro, chez nous, après un Mondial allemand magique, rappelle le Genevois. Malheureusement, on avait tout eu contre nous dès le départ. Alors que tout se passait relativement bien, la femme de Köbi Kuhn avait subi un AVC dès le premier jour du rassemblement. Ça avait tout foutu en l’air. Köbi s’était logiquement absenté et était allé s’occuper de sa femme. Ça avait été un branle-bas de combat assez impressionnant en interne. Ce drame nous avait encore donné plus de rage d’aller chercher quelque chose de grand chez nous. Mais les circonstances, lors du match d’ouverture contre la République tchèque, avaient été catastrophiques pour nous.»

L’ancien joueur et entraîneur d’Étoile Carouge fait évidemment référence à la grave blessure au genou subie par le capitaine Alexander Frei, remplacé à la pause par Hakan Yakin.

Pas le pire souvenir

«Lorsque je repense à ce match, c’est la première chose qui me vient à l’esprit, concède-t-il. À cette époque, on n’avait pas le potentiel offensif que l’équipe de Suisse possède aujourd’hui, avec l’émergence de toute cette jeunesse fantastique, qui tire la Nati vers le haut. En 2008, Alex était notre porte-drapeau offensif. Lorsque ce dernier s’est blessé d’entrée, ça a évidemment été compliqué. Tous les éléments se sont ligués contre nous. Le premier match de l’Euro 2008 n’est effectivement pas un souvenir flamboyant.»

Dès lors, aurait-il sa place parmi les pires? «Non, car je n’ai connu que des moments de plaisir avec l’équipe de Suisse, rétorque Michel Pont. On avait évidemment été terriblement déçus par la tournure des événements et notre élimination dès le premier tour. Ça avait été une très, très grande déception. Aujourd’hui, c’est digéré. Mais si vous me retournez le couteau dans la plaie encore un moment, ça va réellement devenir l’un de mes pires souvenirs.»

Taquin, l’ancien bras droit d’Ottmar Hitzfeld a retrouvé le sourire. Il faut dire que la «Nati» a évolué au cours des quatorze dernières années. Au point de figurer désormais parmi les meilleures nations de la planète, au contraire de son adversaire du soir, qui ne peut plus compter sur des Petr Cech, Jaroslav Plasil ou Jan Koller comme en 2008.

«On s’est croisés dans l’ascenseur avec les Tchèques»

Michel Pont, ancien entraîneur assistant de l’équipe de Suisse

«Les rôles se sont effectivement inversés, se réjouit-il. La République tchèque était alors encore une équipe européenne de haut niveau, qui se qualifiait presque tout le temps pour les phases finales des grandes compétitions. Depuis, tout a changé. On s’est croisés dans l’ascenseur avec les Tchèques. Ces derniers sont rentrés dans le rang, alors que la Suisse, avec le développement de sa jeunesse, a un niveau largement supérieur aux Tchèques.  D’ailleurs, je ne vois pas comment l’équipe de Suisse pourrait se planter contre cet adversaire. Je pense que la Nati ne va faire qu’une bouchée de la République tchèque.»

Si Michel Pont pronostique un large succès helvétique (1-4) ce jeudi soir à Prague, les hommes de Murat Yakin devront se méfier de ne pas se prendre une fois encore les pieds dans le tapis, d’entrée de tournoi, face à cette sélection tchèque, tout de même quart-de-finaliste du dernier Euro.

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