FranceÀ Paris, les motards doivent désormais payer pour pouvoir se garer dans la rue
Depuis ce jeudi, le stationnement des deux-roues motorisés – à essence – coûte 3 € de l’heure dans le centre de la capitale et 2 € dans les arrondissements extérieurs. Mais la mesure passe mal.
![Depuis ce jeudi, le stationnement des motos et scooters non électriques est payant dans les rues de Paris. La mesure est jugée discriminante par les personnes domiciliées en banlieue qui se rendent au centre-ville à deux-roues. Depuis ce jeudi, le stationnement des motos et scooters non électriques est payant dans les rues de Paris. La mesure est jugée discriminante par les personnes domiciliées en banlieue qui se rendent au centre-ville à deux-roues.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/08/23fc6f52-9751-49b0-8336-24728f6b7927.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1365&fp-x=0.5&fp-y=0.5003663003663004&s=fe6752c6adc5cef5caff8bb1eabe7fe8)
Depuis ce jeudi, le stationnement des motos et scooters non électriques est payant dans les rues de Paris. La mesure est jugée discriminante par les personnes domiciliées en banlieue qui se rendent au centre-ville à deux-roues.
AFPAprès avoir tant espéré que la ville de Paris fasse machine arrière, les utilisateurs des deux-roues motorisés sont tenus, depuis ce jeudi matin, de payer leur stationnement dans la capitale, où la mesure est difficile à digérer pour la communauté des motards. Et dès jeudi, deux sociétés ont été diligentées pour traquer les contrevenants.
Pollution de l’air, nuisances sonores mais aussi «meilleur équilibrage de l’espace public» ou encore migration vers «des mobilités moins polluantes et plus douces», sont autant d’arguments avancés pour la mise en application d’une mesure faisant débat depuis plusieurs années.
Pour garer son deux-roues motorisé (2RM) dans les rues de Paris, il faut désormais s’acquitter d’un paiement s’il s’agit d’un véhicule thermique. Dans le centre de la capitale, le stationnement coûte 3 euros de l’heure et 2 euros dans les arrondissements extérieurs. Il est possible de bénéficier d’un tarif résidentiel: la carte annuelle vaut 22,50 euros par an, auxquels s’ajoute 0,75 euro par jour de stationnement. Un pass professionnel est aussi proposé et la gratuité est appliquée pour les 2RM électrique et pour les 2RM handicap. Mais pour tous, il est obligatoire de s’enregistrer sur un site en ligne, ouvert fin juin.
Un coût jugé prohibitif
Mécontent mais résigné, Christophe, banlieusard, a pour habitude de venir avec son deux-roues sur son lieu de travail, dans le centre de Paris. «Cette mesure a un coût prohibitif. La journée, c’est au minimum 40 euros quand on est non-résident. Ce n’est pas viable», regrette cet ingénieur en informatique, qui a bien pensé à investir dans un 2RM électrique avant de se raviser: «C’est extrêmement coûteux. C’est quasiment le double d’un thermique.»
«Le problème c’est le kilométrage, l’électrique est une vraie utopie», abonde Sébastien Mazelier, employé itinérant sur Paris dans la sécurité, vivant en banlieue nord-ouest. «Vous ne pouvez pas faire plus de 120 km par jour à vide. Avec le poids de la personne, et moi je fais 100 kg, je ne peux pas dépasser les 70 km.»
Banlieusards discriminés
Pour la Fédération des motards en colère (FFCM), la mesure est «vraiment discriminante, notamment pour les plus démunis qui habitent en banlieue». «C’est un vrai problème social, ils ne peuvent pas faire 40 km à vélo», relève le délégué Île-de-France de la FFMC, Jean-Marc Belotti. La fédération a lancé une pétition qui récoltait mercredi soir quelque 41’700 signatures. Elle prévoit aussi une manifestation, samedi midi, devant la mairie de Paris.
La mairie assume et parle d’une «forme de révolution de la vie»
David Belliard, adjoint aux mobilités et à la transformation de l’espace public à la Ville de Paris, dit comprendre la colère des motards et maintient son cap: «C’est une mesure difficile, qui demande un effort significatif mais qui est essentielle pour la suite et la lutte contre les pollutions. On est en train de vivre une forme de révolution de la vie. On est dans une course poursuite avec le changement climatique qui va malheureusement beaucoup plus vite que les transformations que nous sommes en train d’opérer.»