Transport ferroviaireN’ayant pas remboursé sa dette, une compagnie privée est reprise par Londres
Londres a annoncé, mardi, reprendre les activités de Southeastern, dont il ne renouvellera pas le contrat de franchise en raison d’une dette de 25 millions de livres.
Bouleversement dans le milieu britannique du transport ferroviaire. L’entreprise Southeastern, qui dessert la capitale britannique et le sud-est de l’Angleterre, «n’a pas déclaré plus de 25 millions de livres (31,45 millions de francs)» d’un financement public «qui aurait dû être remboursé», ce qui constitue une violation de l’obligation de «bonne foi» à laquelle est tenu le transporteur, selon un communiqué du Ministère des transports.
Southeastern est une coentreprise entre les groupes de transport britannique Go-Ahead (65%) et français Keolis (35%). Le titre de la maison mère britannique a dévissé de 24,93% à 769,5 pence (9,76 francs), mardi, à la Bourse de Londres.
Pas d’impact sur les billets, ni sur les emplois
Un organisme d’État désigné prendra le contrôle de ses activités le 17 octobre et il n’y aura pas d’interruption du transport. Les «tarifs, billets et services demeureront inchangés pour les passagers», et il n’y aura «aucun impact sur les emplois» de terrain, précise le Ministère des transports.
La somme de 25 millions de livres a, depuis, été récupérée par les autorités britanniques, mais cette décision «montre clairement que nous n’accepterons rien de moins du secteur privé qu’un engagement total envers ses passagers et une transparence absolue avec l’argent du contribuable», a déclaré le ministre des Transports, Grant Shapps.
Le groupe s’excuse
«Nous reconnaissons que des erreurs ont été commises, et nous nous excusons sincèrement auprès du Ministère des transports, avec qui nous travaillons pour régler cette affaire», a réagi le président du groupe Go-Ahead, Clare Hollingsworth. «Le groupe est naturellement déçu, mais cette décision ne concerne que l’entreprise Southeastern, et non nos autres activités dans le secteur ferroviaire», notamment autour de Londres, a précisé le groupe.
L’organisme d’État chargé d’assurer la continuité des services ferroviaires avait déjà pris en charge les activités d’autres entreprises au nord-est de Londres, en 2018, et dans le nord de l’Angleterre, en 2020.
Exploitation privatisée dans les années 1990 et chaotique
Le système ferroviaire britannique, dont l’exploitation a été privatisée au milieu des années 1990, sous le gouvernement conservateur de John Major, connaît des dysfonctionnements depuis des années, entre surcoûts, retards et inefficacité. Le secteur a été durement frappé par la pandémie et les restrictions de circulation, et le gouvernement avait décidé, en 2020, de prendre temporairement le contrôle effectif des lignes ferroviaires pour éviter des faillites, suspendant les contrats de franchise.
En mai, le Gouvernement britannique a dévoilé une réforme censée résoudre les nombreux problèmes, en mettant fin notamment à la «fragmentation» des lignes entre de trop nombreuses compagnies privées, mais sans revenir sur les privatisations.