Notre rétro de 2022Il est plus facile de parler à Crosby qu’à un joueur du FC Sion
Pendant que les équipes de chez nous verrouillent leur communication, on est allé prendre un café, sans rendez-vous, avec l’un des meilleurs hockeyeurs au monde.
- par
- Emmanuel Favre
Il est 11h45 ce samedi 12 novembre. L’entraînement des Penguins de Pittsburgh, cette équipe de NHL qui a soulevé cinq fois la Coupe Stanley depuis 1991 et qui était en action quelques heures plus tôt à Toronto, s’achève au Centre Bell de Montréal.
Dans un peu plus de sept heures, les hockeyeurs venus de Pennsylvanie seront en action contre le Canadien, un duel que les Habs remporteront 5-4 dans le temps supplémentaire.
Malgré le voyage, la fatigue inhérente à une courte nuit et le spectre de la rencontre du soir, les joueurs (du moins ceux qui ont pris part à cette pratique optionnelle) accueillent les représentants des médias dans leur vestiaire avant de filer sous la douche.
On se présente à Sidney Crosby, qui nous invite à s'asseoir à ses côtés.
Parenthèse.
Le palmarès de Sidney Crosby, ce joueur de centre qui a vu le jour il y a 35 ans en Nouvelle-Écosse, c’est notamment trois Coupes Stanley, deux médailles d’or olympiques, une Coupe du monde, deux trophées Hart remis au MVP de la NHL.
Fin de la parenthèse.
La mégastar prend le temps de répondre à toutes nos questions avant de demander des nouvelles de Mark Streit, avec qui il avait décroché les grands honneurs en 2017, et de Jonas Hiller.
Une fois sorti de ce vestiaire, on repense à plein de trucs insensés survenus les semaines précédentes.
La réalité suisse
Comme ces courriels hebdomadaires aux allures d’ordre de marche de clubs romands de football qui convient les médias à venir écouter des bonhommes dont l’identité leur est imposée. Et avec lesquels il n’est plus possible de jaser entre quatre yeux.
Comme cette réponse laconique par WhatsApp d’un entraîneur d’une équipe de deuxième division de hockey qui s’excuse de ne pas pouvoir nous consacrer cinq minutes au téléphone, ses propos étant réservés à une future conférence de presse destinée exclusivement à des médias partenaires.
Comme cette stratégie d’un autre club de hockey qui désigne avant le match l’identité des trois joueurs qui seront mis à disposition des journalistes après le match.
Les clubs de chez nous, pour qui les représentants de la presse ont souvent été considérés comme un mal nécessaire, ont longtemps pensé, avec le développement du digital, qu’ils allaient pouvoir maîtriser leur communication. Et percevoir de nouveaux revenus en se constituant une large communauté sur les réseaux sociaux.
Le FC Sion a 41’600 suiveurs sur Instagram, le Lausanne HC 26’300, le Servette FC 52’100, Gottéron 29’900, le HC Bienne 18’200, le GSHC 22’300, le Lausanne-Sport 29’300, Xamax 16’900, le HC Sierre 4421, le SLO 5999, le HC Ajoie 11’100.
Les Penguins de Pittsburgh, le club de Crosby qui n’a jamais regardé sa montre pendant notre discussion, en a 2,4 millions.
Ils ont peut-être compris que, dans sa définition, un média n’est qu’un relais entre un club et le public. Ces personnes qui achètent parfois des billets, des maillots et des abonnements pour suivre les matches à la télévision.