JuraCourses de l’autre côté de la frontière: «Le tourisme d’achat, ça me déçoit»
Les consommateurs qui traversent à nouveau la frontière pour leurs achats après le déconfinement irritent François Monin, directeur de la chambre d’agriculture «AgriJura». Mais il ne culpabilise pas les petits budgets.
- par
- Vincent Donzé
Le retour du tourisme d’achat déçoit l’association syndicale faîtière de l’agriculture de la République et Canton du Jura. Son constat: «Le niveau des achats effectués par les Suisses à l’étranger a déjà dépassé cette année le record de 2019». Directeur d’«AgriJura», François Monin a écrit le fond de sa pensée dans «Agri Hebdomadaire» et dans une tribune du «Quotidien Jurassien» en date du 6 août.
Il appelle notamment à soutenir davantage le commerce local. «Les Suisses franchissent à nouveau la frontière pour faire leurs courses», constate-t-il. Un propos relayé par «Radio Fréquence Jura», selon qui le tourisme d’achat est reparti de plus belle entre la Suisse et ses pays voisins.
Rattrapage touristique
Un monitorage établi par les universités de Lausanne et de St-Gall indique que le record de huit milliards de francs enregistré en 2019 est déjà dépassé en 2021. Un phénomène de rattrapage touristique est évoqué. Mais les achats de l’autre côté de la frontière ont bel et bien retrouvé un niveau d’avant crise. Les grands détaillants sont davantage prétérités que les producteurs locaux qui vendent directement à la ferme.
Déçu par cette reprise des achats à l’étranger, sachant qu’il avait beaucoup été question d’un retour à une économie locale l’an dernier, François Monin en appelle à la responsabilité individuelle. Et invite chaque citoyen à soutenir l’économie de la région.
«Acheter dans un circuit court»
Faire des économies dans ses achats alimentaires? François Monin nuance: «L’alimentation représente 8% d’un budget familial, contre 60% dans les années 50-60». Pas question pourtant de culpabiliser les petits budgets: le coup de gueule du directeur d’«AgriJura» vise ceux qui ont le choix devant l’étal et qui traversent la frontière en pensant économiser 100 francs.
«L’alimentation n’est pas le poste du budget où il y a le plus à gagner», estime François Monin. S’il comprend ceux qui traversent la frontière pour chercher un choix différent qui correspond aux préférences personnelles, il met toutefois en garde les grandes enseignes qui profitent de leur position dominante sur le marché, en pratiquant des marges élevées, encourageant ainsi le consommateur à passer la frontière.
«Le tourisme d’achat, ça me déçoit. Le but est d’acheter dans un circuit court, avec un minimum d’intermédiaires ou auprès des acteurs locaux», martèle le directeur d’«AgriJura», une association qui représente et défend les intérêts professionnels, sociaux et culturels du secteur agricole.