France: Polémique après une course de karting à la prison de Fresnes

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FrancePolémique après une course de karting à la prison de Fresnes

Le ministre français de la Justice Éric Dupond-Moretti a condamné les animations organisées pour les détenus de la prison de Fresnes fin juillet.

Le directeur de la prison, Jimmy Delliste, s’était félicité d’un «moment d’engagement fraternel au bénéfice de trois associations». (Image d’illustration)

Le directeur de la prison, Jimmy Delliste, s’était félicité d’un «moment d’engagement fraternel au bénéfice de trois associations». (Image d’illustration)

AFP

L’événement a eu lieu fin juillet, mais les images diffusées vendredi continuent de créer des remous: des prisonniers d’une prison vétuste au sud de Paris ont participé à des épreuves inspirées du jeu télévisé «Koh Lanta», une animation condamnée par le ministre français de la Justice.

Le 27 juillet, trois équipes de détenus, surveillants et jeunes habitants de la commune de Fresnes, où se trouve cette prison datant du XIXe siècle, s’affrontaient lors d’épreuves variées: questionnaire, karting dans la cour de la prison, mime ou tir à la corde au-dessus d’une piscine.

L’animation, baptisée «Kohlantess», s’est déroulée au profit d’associations caritatives, et avait pour but de «montrer, pendant un instant, un moment d’humanité entre détenus, surveillants et jeunes du quartier», s’est justifié lundi le producteur de l’événement, Enzo Angelo Santo.

«Pas des colonies de vacances»

Djibril Dramé, à l’initiative de cette animation, précisait dans la vidéo diffusée vendredi sur YouTube et depuis supprimée, que les participants au jeu étaient en détention «pour de courtes peines». «Nous avons aussi un devoir de ne pas les mettre de côté et de ne surtout pas oublier qu’ils sont des humains comme vous et comme moi», ajoutait-il.

Las. Plusieurs élus de droite et d’extrême droite ont vivement condamné l’événement, à l’instar du candidat à la présidence du parti Les Républicains (droite), Éric Ciotti, qui a estimé que «nos prisons ne sont pas des colonies de vacances». Ils dénoncent également le casting: un des participants a «été condamné à 10 ans de réclusion criminelle pour viol en 2021», a appris l’AFP de source proche du dossier, confirmant une information du journal «L’Opinion».

Alors que la polémique ne cesse de monter, le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a assuré mardi n’avoir «jamais (…) été informé» de la course de karting, une «initiative du directeur de la prison avec l’organisateur». Les organisateurs assuraient eux lundi soir que le ministère avait validé l’événement.

«Autorisation de principe»

D’après le rapport d’enquête administrative, demandé par le ministère de la Justice et publié mardi soir, le choix des activités a été géré «en lien direct entre l’association organisatrice et l’établissement pénitentiaire». «Ni la direction de l’administration pénitentiaire, ni le cabinet du garde des Sceaux n’avaient une connaissance des modalités précises de l’activité ‘‘Kohlantess’’», est-il précisé.

«Si une autorisation de principe de la Chancellerie a bien été donnée s’agissant de cette action, c’est sans en connaître précisément les détails, notamment s’agissant de l’épreuve de karting», ajoute le rapport. D’après le rapport d’enquête administrative, «la volonté première du directeur de Fresnes, qui reconnaît avoir commis une erreur d’appréciation, était de réaliser une opération caritative basée sur l’effort et les valeurs du sport».

Le directeur de la prison, Jimmy Delliste, s’était félicité, le 27 juillet sur Twitter, d’un «moment d’engagement fraternel au bénéfice de trois associations». Dans la soirée, le ministre français de la Justice a annoncé sur Twitter la publication d’une circulaire pour fixer «les conditions nécessaires à la tenue de projets de réinsertion en prison», désormais «soumis à une validation expresse de la direction de l’administration pénitentiaire».

De nombreux événements sportifs ou culturels sont régulièrement organisés dans les prisons françaises. De son côté, sur la chaîne BFMTV, Dominique Simonnot, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, a dénoncé lundi «une polémique un peu étrange et minable». Pour elle, le vrai «scandale» se trouve «dans la surpopulation carcérale, et notamment à Fresnes, qui est l’un des établissements les plus vétustes». Au 1er juillet la maison d’arrêt de Fresnes comptait 1918 détenus pour 1336 places.

(AFP)

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