Golf: Le LIV «est en train de tuer l’esprit du golf»

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GolfLe LIV «est en train de tuer l’esprit du golf»

Yves Mittaz, le boss de l'Omega European Masters de Crans-Montana, y est allé d'une véritable diatribe contre le projet milliardaire saoudien qui fait trembler l'establishment de la petite balle blanche.

Robin Carrel
par
Robin Carrel
Yves Mittaz lors de son tournoi en 2019.

Yves Mittaz lors de son tournoi en 2019.

imago images / Frédéric Dubuis

La semaine prochaine aura lieu le traditionnel Omega European Masters, sur le Haut-Plateau valaisan. Forcément, en conférence de presse d'avant-tournoi, son organisateur a été lancé sur le sujet du LIV Golf - un circuit de golf pro, financé par le «Public Investment Fund», le fonds souverain de l'Arabie Saoudite -, qui a totalement dérégulé le marché de la petite balle blanche. Autant dire qu'il n'a pas fallu lancer très fort le directeur Yves Mittaz, qui a mis les points sur les i une bonne fois pour toutes.

«Je crois que, dans le golf aujourd'hui, on préfèrerait avoir l'organisation d'un vrai circuit mondial, a commencé l'organisateur de l'événement qui se tiendra du 25 au 28 août prochains en Valais. Ce serait un bien pour la discipline que d'avoir une vraie structure lisible, comme on l'a au tennis ou dans d'autres sports. Aujourd'hui, il y a beaucoup d'argent en jeu. Notre position au sujet du LIV est très claire: nous, on considère simplement que, comme dans tous les métiers du monde, il doit y avoir une relation entre le travail qui est fait et l'argent qui est gagné.»

«Avec le LIV golf, on est parti dans un projet qui est complètement délirant. Qui est arrogant.»

Yves Mittaz

Et il a continué, sans mâcher ses mots: «Aujourd'hui, avec le LIV golf, on est parti dans un projet qui est complètement délirant. Qui est arrogant. Où, finalement, on verse des dizaines ou des centaines de millions de francs à des joueurs (ndlr: on parle d'une offre de plus d'un demi-milliard qui aurait été refusée par Tiger Woods...), pour jouer deux ou trois jours de golf. Avec une surenchère pour des tournois exhibitions qui, sportivement, n'ont aucune valeur. Pour nous, d'entente avec notre sponsor titre, on n'a pris aucun contact avec les golfeurs qui font partie de ce circuit.»

Une participation de choix

«On va parler d'eux le moins possible, a assuré Mittaz. On est en train d'évoquer ça pendant quelques minutes lors de cette conférence de presse, mais on n'en parlera plus ensuite. Ca ne mérite absolument aucune discussion, tellement ce projet est arrogant et détestable pour le sport. Je ne pense pas qu'on puisse simplement arriver et acheter un sport comme ces gens le font. Il y a une histoire, une structure et des montants qui sont déjà énormes de versés chaque année...»

A Crans, cette année, deux millions de dollars atterriront dans les poches des joueurs, dont 340'000 pour le seul vainqueur. «Malheureusement, des joueurs, pour certains des amis, ne vont pas venir cette année en Valais. Parce qu'on ne soutient absolument pas le projet. Et je crois que c'est en train de tuer l'esprit du golf. Le golf, c'est le respect, c'est la classe, c'est la bienveillance. Aujourd'hui, on s'aperçoit qu'il y a beaucoup d'agressivité, d'arrogance et de mépris et je pense qu'on ne peut pas accepter de telles choses. Point final.»

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