«Emmerder» les non-vaccinésLes propos de Macron jugés «insultants» et «indignes»
En disant vouloir «emmerder» les non-vaccinés, Emmanuel Macron a déclenché une tempête qui grossit mercredi en France, alors que le pass vaccinal est débattu à l’Assemblée nationale.
«Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C’est ça, la stratégie», a clamé le président français Emmanuel Macron dans un entretien au «Parisien» mardi. «Quand ma liberté vient menacer celle des autres, je deviens un irresponsable. Un irresponsable n’est plus un citoyen», a-t-il encore ajouté.
Ces propos ont déclenché une tempête politique en pleine 5e vague d’épidémie de Covid-19, et alors que l'examen du projet de loi transformant le pass sanitaire en pass vaccinal est très tendu à l'Assemblée nationale avec des débats qui doivent reprendre ce mercredi à 15h avec 450 amendements encore au menu.
«Quinquennat du mépris»
Les candidats à la présidentielle et les oppositions fustigent, eux, les «propos insultants» du chef de l’État qui devrait «rassembler» plutôt que «cliver». A droite, la candidate Valérie Pécresse se dit «indignée» et appelle à «mettre fin au quinquennat du mépris.»
A trois mois de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron «tombe dans le camp des populistes avec Mme Le Pen et M. Zemmour», a accusé mercredi matin sur Sud Radio le patron des députés LR Damien Abad (droite, parti de Valérie Pécresse). Il avait avant cela fustigé des propos «indignes, irresponsables et prémédités» qui relèvent d’un «cynisme puéril». «Je ne peux pas cautionner un texte qui a pour seul objectif d’emmerder les Français», abonde le président de son parti, Christian Jacob.
«Indigne»
«Un président ne devrait pas dire ça. Le garant de l'unité de la nation s'obstine à la diviser et assume vouloir faire des non-vaccinés des citoyens de seconde zone. Emmanuel Macron est indigne de sa fonction», a tweeté Marine Le Pen, mardi soir. «Président, j'arrêterai d'emmerder les Français. Le président sortant, lui, parle ouvertement d'emmerder une catégorie de Français», a tweeté de son côté l'autre candidat d'extrême droite, Eric Zemmour.
«Insulte»
À gauche, Ugo Bernalicis (La France Insoumise) a dénoncé une «crise politique déclenchée par le monarque présidentiel, qui se permet d’insulter une partie des Français». Mathilde Panot, présidente du groupe LFI, a estimé que le projet de pass vaccinal instaurait désormais une forme de «déchéance de nationalité».
«Réunir la France», a laconiquement tweeté la candidate PS à la présidentielle Anne Hidalgo; «propos indigne et irresponsable» selon le candidat communiste Fabien Roussel; «faute politique» pour le candidat Yannick Jadot (Europe Ecologie Les Verts), et pour le candidat Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), c’est un «aveu sidérant de Macron»: «le pass vaccinal est une punition collective contre la liberté individuelle.»
«Dérapage contrôlé»
Pour le ministre Marc Fesneau, les propos d’Emmanuel Macron vont au contraire «produire un électrochoc» pour les non-vaccinés qui sera «salvateur». Et de rappeler le nouveau record de contaminations au Covid, à 271'686 cas mardi. Les hospitalisations continuent aussi de croître.
Dans cette situation, l’infectiologue Eric Caumes «comprend» en tant que médecin le «dérapage probablement contrôlé» d’Emmanuel Macron, soulignant l'«exaspération» des soignants face aux non-vaccinés. «En tant que citoyen je suis un peu plus surpris, mais c’est la campagne électorale qui a débuté», a-t-il remarqué sur BFMTV et RMC.