PaléontologieUn bout de la météorite qui a tué les dinosaures retrouvé
Le fragment qui a été découvert, prisonnier dans l’ambre dans le Dakota du Nord, semble bien appartenir à l’astéroïde qui a percuté le Yucatán il y a 66 millions d’années.
- par
- Michel Pralong
Ce fut littéralement l’apocalypse. Il y a 66 millions d’années, un astéroïde de 12 km de diamètre frappait la Terre là où se trouve aujourd’hui la péninsule du Yucatán, au Mexique. L’impact a eu lieu au pire endroit, avec des roches riches en pétrole, ce qui a contribué à un dégagement gigantesque de suie, ainsi que de soufre et de dioxyde de carbone. Cela a créé un hiver nucléaire qui a duré des années et qui a fait chuter les températures de l’air à la surface de la planète de 26 degrés. Il a provoqué l’extinction de 75% de toutes les espèces animales et végétales, dont les dinosaures.
Mais tous les animaux n’ont pas péri lentement, victimes de ce changement climatique radical. Beaucoup sont morts des conséquences immédiates de l’impact. À proximité évidemment, mais même plus loin, jusqu’au Dakota du Nord, à 3200 km de là. Le paléontologue de l’Université de Manchester Robert De Palma a ainsi mis à jour là-bas, sur un site nommé Tanis, de nombreux fossiles notamment de poissons qui ont été tués vraisemblablement peu après la collision.
Gigantesque montée des eaux
La région était une vaste forêt tropicale marécageuse avec une énorme mer intérieure allant du golfe du Mexique au Canada. Le séisme provoqué une gigantesque montée des eaux, tuant simultanément quantité d’animaux qui ont été recouverts de sédiments, conservant ainsi les fossiles, explique ZME Science. Ont ainsi été retrouvés à Tanis une patte de dinosaure avec la peau encore intacte, un œuf de ptérosaure fossilisé et une tortue fossilisée avec un bout de bois logé dans son corps, l’animal ayant sans doute été empalé lors de la montée des eaux.
Mais les chercheurs ont également découvert autre chose: l’impact a projeté des sphérules, soit des petits morceaux de roche en fusion expulsés du cratère qui se sont vitrifiés dans l’atmosphère. Une partie de ce matériau conservé sous forme d’argile en raison de l’infiltration d’eau, a été retrouvée dans les branchies des poissons. D’autres sphérules ont atterri dans de la résine d’arbre et ont été remarquablement conservées dans l’ambre.
En analysant ces dernières, Robert De Palma a découvert que la plupart de ces sphérules étaient riches en calcaire, comme le sol du Yucatán. Mais deux d’entre elles contenaient du chrome, du nickel ainsi que d’autres éléments que l’on trouve dans les météorites. Ce qui laisse penser au scientifique qu’il s’agit là de fragments de la météorite qui a tué les dinosaures. Si cela se confirme, ce qui n’a pas encore été fait, c’est une formidable opportunité pour en apprendre davantage sur la nature et l’origine de cet astéroïde.
Sans attendre l’aval de ses pairs sur la pertinence de sa découverte, Robert De Palma a déjà présenté ses résultats à la NASA et dans un documentaire raconté par Sir David Attenborough. «Dinosaur Apocalypse» et diffusé le 11 mai sur PBS.