Manifestation en France: «On est là pour la préservation des terres agricoles et de la biodiversité»

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Manifestation en France«On est là pour la préservation des terres agricoles et de la biodiversité»

Les opposants à l’A69 Toulouse-Castres se réunissent samedi à Saïx, dans le Tarn. Une mobilisation suivie de près par les autorités, après les violents affrontements à Sainte-Soline en mars. 

Un cortège de quelque 4800 personnes, selon les organisateurs, s’est ébranlé en début d’après-midi.

Un cortège de quelque 4800 personnes, selon les organisateurs, s’est ébranlé en début d’après-midi.

AFP

Plusieurs milliers d’opposants à l’autoroute A69 Toulouse-Castres ont manifesté en pleine campagne samedi à Saïx, dans le Tarn, dénonçant un projet qu’ils jugent contradictoire avec l’urgence climatique et réclamant «moins de goudron», lors d’une mobilisation festive, mais sous haute surveillance.

«On ne dissout pas la terre qui se soulève»

Dansant au rythme des percussions, parfois sous la pluie, environ 8200 personnes selon les organisateurs, 4.500 selon la préfecture, ont marché tout l’après-midi sur des sentiers et à travers bois, suivant une partie du tracé de la future autoroute. Certains manifestants brandissaient des banderoles: «Moins d’énergie, moins de voitures, moins de goudron» ou «A69, une autoroute en cul-de-sac qui se finira en tête à queue».

Plus tôt, lors d’une conférence de presse, le collectif La voie est libre, Extinction Rebellion, la Confédération paysanne et les Soulèvements de la Terre (SLT), organisateurs de la manifestation, ont demandé «l’arrêt immédiat» du chantier. Leurs représentants ont rappelé leur proposition d’aménagement de la nationale existante et dénoncé la perte de terres agricoles ou de biodiversité qu’entraînerait la construction de cette portion d’autoroute de 53 km. Ils ont aussi déploré le coût du trajet Toulouse-Castres, qui pourrait atteindre 17 euros aller-retour, «une injustice sociale organisée», selon une représentante des SLT.

Sous haute surveillance 

«Si on veut être cohérent, ce projet doit être abandonné», a pour sa part déclaré à l’AFP le député LFI Manuel Bompard, présent samedi à Saïx. «Nous, on est là pour la préservation des terres agricoles et aussi pour la préservation de la biodiversité», précise Monique, une manifestante sexagénaire qui préfère taire son nom.

Moins d’un mois après les affrontements entre gendarmes et manifestants contre les «mégabassines» à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), les autorités suivent de près cette mobilisation. Le préfet du Tarn, François-Xavier Lauch, avait précisé vendredi que les 800 gendarmes et policiers mobilisés resteront en retrait si la manifestation est «pacifique». Jusque-là, la contestation s’était centrée près de Vendine, en Haute-Garonne, à la limite du Tarn, où des opposants s’étaient installés dans des platanes pour en éviter l’abattage. Cette fois, le rassemblement se tient à Saïx, 37 km plus loin, où des activités sont prévues tout le week-end: débats, concerts et même une course de caisses à savon ou «bolides» allant «le plus lentement possible».

«Exemplaire» pour les uns, «aucun sens» pour les autres

Des élus opposés à l’A69 avaient encore dénoncé vendredi un projet en «totale contradiction avec l’urgence climatique». Samedi le député EELV Julien Bayou a qualifié «d’anachronique» ce projet «d’autoroute la plus chère de France», sur Franceinfo. Sandrine Rousseau, autre députée EELV, a dit espérer «que le préfet a pris les enseignements de ce qui s’est passé à Sainte-Soline», en dénonçant sur Europe 1 «un projet qui n’a aucun sens, qui est daté des années 1980-1990».

Mais d’autres élus du Tarn soutiennent l’A69, qui réduirait d’une vingtaine de minutes le trajet Castres-Toulouse en 2025, d’une durée d’un peu plus d’une heure aujourd’hui. Atosca, concessionnaire privé de l’A69, le juge «exemplaire» pour l’environnement ou l’emploi. Concernant les terres agricoles, l’emprise prévue a été réduite de 380 à 300 hectares, selon son directeur général Martial Gerlinger. Le ministère des Transports a précisé vendredi que Clément Beaune avait demandé dès janvier une revue des sept projets autoroutiers en cours, «au regard des enjeux actuels: lutte contre l’artificialisation des sols, réduction des émissions de CO2, mais aussi désenclavement des territoires».

(AFP)

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