FootballDe la faillite à Lewandowski : comment le FC Barcelone a «renfloué» sa trésorerie?
Etalement de paiement, vente d’actifs, contrat avec Spotify... Endetté à hauteur de 1,35 milliard d’euros il y a un an, le club catalan a renversé la situation et est devenu l’un des acteurs les plus en vue du mercato estival.
En mars 2021, le club était «en situation de faillite comptable», avec une dette abyssale, des problèmes de trésorerie et une masse salariale énorme, selon le directeur général du Barça alors, Ferran Reverter, qui a démissionné en février.
Aujourd’hui, le Barça a prolongé Ousmane Dembélé pour deux ans, a réussi à attirer Franck Kessié (AC Milan) et Andreas Christensen (Chelsea) gratuitement ainsi que Raphinha (Leeds) pour 70 M d’EUR, sans oublier surtout Lewandowski (Bayern Munich) pour 50 M d’EUR.
Lissage de la dette
Avec 25,5 M d’EUR rapportés par les départs contre environ 120 M d’EUR dépensés pour les recrues, la balance est toutefois en négatif de 94,5 M d’EUR, un problème pallié dans un premier temps par un étalement de la dette.
Le plus gros problème du Barça n’était pas tant la dette, sinon son urgence: il devait la rembourser avant le 30 juin 2021. Mais Joan Laporta, élu président quatre mois auparavant, et son équipe de dirigeants ont négocié avec leurs créanciers le lissage de cette dette sur plusieurs années, une manière de gagner du temps.
Mais une partie n’étant pas échelonnable, le Barça a dû effectuer un nouvel emprunt auprès d’une autre banque, Goldman Sachs, à hauteur de 595 M d’EUR.
L’emprunt contracté auprès de Goldman Sachs a également permis au FC Barcelone d’avoir des liquidités pour réaliser les opérations courantes du club, comme payer les salaires en retard, ou réaliser quelques coups lors du mercato hivernal, comme la signature de Ferran Torres (Manchester City) pour 55 M d’EUR.
Contrat avec Spotify
Mais pour gagner encore plus de liquidités rapidement, le géant catalan s’est mis à vendre des parts de ses actifs.
Le club a vendu 10% des revenus issus des droits TV du championnat espagnol à la société américaine Sixth Street pendant 25 ans, en échange de 207 M d’EUR dans l’immédiat. Et le quintuple lauréat de la Ligue des champions envisage de se séparer de quinze autres pour cent en échange de 330 M d’EUR.
Dans les tuyaux depuis plusieurs mois, la vente de 49,9% des parts de sa franchise Barça Licencing and Merchandising, approuvée par les socios (supporters-actionnaires) mi-juin, pourrait aussi rapporter gros.
Enfin, le contrat de sponsoring pacté avec Spotify, qui comprend notamment le «naming» du futur Camp Nou rénové, va rapporter environ 435 M d’EUR au Barça. Il s’agit du plus gros contrat de sponsoring de l’histoire du club.
Une fuite en avant?
Grâce à ces nouvelles rentrées d’argent, combinées à une baisse de masse salariale, le club catalan espère voir sa limite salariale rehaussée afin de pouvoir inscrire ses nouvelles recrues auprès de la Liga. Car pour l’instant, Kessié, Christensen, Raphinha et Lewandowski ne peuvent pas disputer de match officiel sous le maillot blaugrana.
Mais en vendant des actifs sur des longues périodes en échange d’une grosse somme d’argent dans l’immédiat, le Barça enfouit la poussière sous le tapis, et ne fait que repousser le problème. Le club mise sur la reprise économique post Covid-19 et sur les futurs revenus générés par son nouveau stade pour rembourser ses créanciers: sa dette, l’emprunt à Goldman Sachs, l’accord avec Sixth Street...
Mais aussi l’emprunt d’1,5 milliard d’euros contracté pour mener à bien les travaux de rénovation du Camp Nou. Un emprunt à rembourser en 30 ans, en ne puisant que dans les revenus excédentaires générés par l’exploitation de son nouveau stade.
En vendant ses actifs, le Barça suit une tendance: en Espagne, 17 clubs de Liga ont par exemple passé un accord avec le fonds d’investissement CVC, et le Real Madrid a vendu 20% des revenus d’exploitation de son futur stade Bernabéu à Sixth Street en échange de 360 M d’EUR.
De plus, le FC Barcelone est toujours parmi les clubs qui génèrent le plus de revenus au monde (582 M d’EUR selon le cabinet Deloitte en janvier 2022). Sa capacité d’absorber ses dettes est donc établie.