Automobilisme: Miami, le show et la marina factice

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AutomobilismeMiami, le show et la marina factice

Le tout nouveau circuit de Miami annonce une course magnifique, des dépassements, du spectacle et du soleil. Ce qui fait parler le plus n’est pourtant pas le tracé, mais la fausse marina.

Luc Domenjoz
par
Luc Domenjoz

De l’eau en vinyle

Il fallait être Américain, avec des moyens et une imagination sans limites pour y penser. Au milieu des virages 6, 7 et 8 du Miami International Autodrome, on trouve… une marina, dix yachts ancrés, une plage de sable fin, des transats, un bar de plage, et tout ce qu’il faut pour faire un coin de port sympa… sauf de l’eau!

Le circuit étant situé à une dizaine de kilomètres de l’océan, même si des canaux l’entourent, il n’était pas possible de créer un bassin aquatique réel. Alors on a amené les dix yachts par camion - une opération complexe qui a nécessité cinq mois -, et on les a entourés d’une plaque de vinyle qui simule une eau bleue brillant au soleil. Effet réaliste garanti!

Sur les réseaux sociaux, l’affaire a suscité bien des moqueries. Tom Garfinkel, le directeur du circuit, s’en amuse: «Tant qu’on parle de nous, ça me va, dit-il. Initialement, on avait un projet de circuit dans le port de Miami, près du centre-ville. Les patrons de la F1 avaient l’air de tenir à l’ambiance du port, aux yachts, à la marina. Quand nous nous sommes rendu compte qu’il était trop compliqué de créer un circuit là-bas, et que ce ne serait pas une très belle piste, nous sommes venus ici, autour du stade des Dolphins (ndlr: l’équipe locale de NFL, le football américain). Mais j’ai dit aux gens de la F1 qu’ils auraient quand même leur marina. Ils m’ont regardé de travers, mais je la voulais, et on l’a fait! C’est Miami, tout de même! Il fallait bien amener un peu de l’ambiance locale au circuit! On s’est bien amusé en créant cet endroit… Vous savez, on essaie de ne pas se prendre trop au sérieux! »

Environ 400 spectateurs pourront regarder la course depuis les ponts des yachts «amarrés», tandis que la plage accueillera bien plus de spectateurs encore. À chacun son rêve américain.

Russell souffre du dos

Les Mercedes W13 sont victimes de marsouinage (le «bouncing», les rebonds en ligne droite, comme si la voiture passait sur de la tôle ondulée) depuis qu’elles ont été posées sur la piste, en février à Barcelone. Si toutes les voitures en sont plus ou moins sujettes, c’est la Mercedes qui en souffre le plus.

Mais lors de la dernière course, à Imola, ses pilotes l’ont subi plus encore qu’ailleurs. George Russell a tout de même terminé quatrième, alors que Lewis Hamilton a échoué à la 14e place. Cette fois, c’est trop!

«Lorsque la voiture est dans la bonne fenêtre d’utilisation des pneus, ça va, elle est presque agréable à conduire», racontait George Russell après la course italienne. «Sauf en ce qui concerne les rebonds. Ça coupe le souffle, je n’avais jamais ressenti ça à un niveau aussi extrême. C’est vraiment insupportable pour les pilotes, il ne faut pas que ça continue. En plus, c’était tellement sévère que je commence à avoir mal au dos et à la poitrine. »

Mercedes affirme «avoir plusieurs solutions»

Ce fameux problème de marsouinage empêche la Mercedes W13 de dévoiler son potentiel. Depuis qu’ils y travaillent, ses ingénieurs pensent avoir enfin trouvé une partie de la solution dans la soufflerie de l’écurie.

Ils vont essayer plusieurs modifications pour venir à bout du problème, à commencer par de nouvelles pièces amenées à Miami. «Depuis notre retour d’Imola, nous en avons beaucoup appris, explique Toto Wolff, le patron de l’écurie. Nous avons plusieurs idées pour permettre à la voiture de rouler plus près du sol sans les rebonds, ce qui devrait en améliorer la performance. Nous ne sommes absolument pas en mode «panique», nous analysons les problèmes posément… Nous verrons ce que ça va donner ici.»

Les stars sont là

Miami, dimanche, attend le plus grand nombre d’invités de l’histoire de la F1.  «Je n’ai jamais vu autant d’activité en dehors de la piste. Il y aura plus de monde ici qu’au Super Bowl», confie Zak Brown, le patron de l’écurie McLaren.

Mercredi déjà, alors que les premiers essais n’avaient pas encore débuté, Lewis Hamilton a joué au golf avec Tom Brady - soit quatorze titres mondiaux à eux deux, sept chacun -, tandis que dans le paddock, Pierre Gasly a accueilli son idole, le basketteur Michael Jordan.

Au «Paddock Club», l’espace pour les invités des écuries, on affiche complet depuis longtemps, et les places se vendent sous le manteau à 25’000 dollars chacune, au lieu des 6000 dollars (tout de même!) du départ. Le rêve américain peut coûter cher.

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