SuisseBerne précise les contours de la future imposition individuelle
Le Conseil fédéral a fixé les lignes directrices de son projet pour mettre sur pied d’égalité couples mariés et non mariés. Il y aura des gagnants et des perdants.
- par
- Christine Talos
À l’avenir, les couples mariés seront imposés comme les couples non mariés et rempliront deux déclarations d’impôt séparées, tant au niveau communal, cantonal que fédéral. Le Conseil fédéral a fixé mercredi les lignes directrices de son message sur l’introduction de l’imposition individuelle. Il élaborera d’ici mars 2024 un projet à soumettre au Parlement. Il servira de contre-projet indirect à l’initiative populaire «pour des impôts équitables».
Pour rappel, l’imposition individuelle ne s’applique actuellement qu’aux célibataires et aux couples non mariés. En revanche, les couples mariés ou vivant en partenariat enregistré sont imposés conjointement. Leurs revenus sont additionnés, ce qui engendre un taux d’imposition plus élevé. Une discrimination jugée anticonstitutionnelle par le Tribunal fédéral et que ne veulent plus les initiants.
Le Conseil fédéral a donc mis un projet en consultation auprès des partis et aux milieux concernés en décembre dernier. Si tout le monde s’accorde pour éliminer cette discrimination, le modèle d’imposition ne plaît pas à tout le monde, notamment du côté des cantons.
Une déduction pour enfants revue à la hausse
Dans sa nouvelle mouture, le Conseil fédéral veut porter la déduction pour enfants applicable à l’impôt fédéral direct (IFD) de 6600 aujourd’hui à 12’000 francs. Un montant de 9000 francs avait d’abord été proposé. Berne renonce par contre, à introduire une déduction en faveur des ménages ne comptant qu’un adulte comme imaginé d’abord. Aucune déduction particulière n’est prévue non plus pour les couples mariés à un seul revenu.
Le barème fiscal a lui aussi été revu. Ainsi, les taux d’imposition seront réduits pour les bas et moyens revenus et légèrement augmentés pour les très hauts revenus. Les revenus les plus faibles continueront eux de ne pas payer aucun IFD. Le Conseil fédéral estime que la réforme entraînera 1 milliard de francs de recettes en moins, dont 800 millions à la charge de la Confédération et 200 millions pour les cantons.
Qui va gagner et qui va perdre?
Le changement de système fera des heureux en termes de charge fiscale. À l’instar des couples mariés à deux revenus plus ou moins égaux. De nombreux couples de rentiers mariés paieront aussi moins d’impôts. Les couples non mariés qui n’ont pas d’enfants verront eux aussi leur charge fiscale diminuer grâce à la baisse du barème fiscal, explique le Conseil fédéral. Il y aura aussi des perdants. Ce sont les couples mariés qui ne disposent que d’un revenu principal ou d’un revenu principal et d’un petit revenu secondaire qui vont le plus trinquer. En particulier les couples mariés avec un seul revenu et des enfants. «Car le parent qui n’a pas de revenu ne pourra pas faire valoir la 2e moitié de la déduction pour enfants», explique Berne. Les personnes non mariées qui ont des enfants et qui ont des revenus élevés seront aussi pénalisées. Mais dans l’ensemble, les bénéficiaires de la réforme seront bien plus nombreux que ceux qui seront lésés, affirme Berne.