États-Unis – IranTransfert de fonds via la Suisse avant un échange de prisonniers
Six milliards de dollars, qui étaient gelés sur un compte iranien en Corée du Sud, ont été transférés au Qatar, via la Suisse. Du coup, cinq Américains ont été échangés contre autant d’Iraniens.
Des fonds iraniens gelés, d’un montant de six milliards de dollars, ont été transférés via le Qatar, ouvrant la voie à un échange de prisonniers entre Washington et Téhéran, a indiqué, lundi, une source proche du dossier, qui a requis l’anonymat. «Un avion du Qatar se trouve déjà en Iran pour évacuer vers Doha cinq citoyens américains, qui étaient détenus dans ce pays, et deux de leurs proches. Les Iraniens et les Américains ont été notifiés du transfert, depuis la Suisse, vers des comptes bancaires au Qatar de l’intégralité des six milliards de dollars.»
Un haut responsable de la Maison-Blanche a confirmé lundi, que les cinq Américains d’origine iranienne, ainsi deux femmes membres de leurs familles, avaient quitté l’Iran, dans le cadre de cet échange de prisonniers.
Cinq ressortissants iraniens, poursuivis ou condamnés aux États-Unis pour des délits sans violence, bénéficieront eux de mesures de clémence, a précisé le haut responsable, qui a requis l’anonymat. Il a ajouté que cet échange de prisonniers s’accompagnerait de sanctions contre le ministère iranien du Renseignement, ainsi que contre l’ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad, une manière pour la Maison-Blanche de contrer toute accusation de complaisance envers le régime de Téhéran.
L’Iran «pourra acheter des denrées alimentaires et des médicaments»
Cette libération semblait imminente depuis le transfert des cinq Américains en résidence surveillée, il y a un peu plus d’un mois. Elle est le résultat de plusieurs années de tractations entre Washington et Téhéran. Tous les Américains dont la libération a été annoncée sont d’ascendance iranienne. L’Iran ne reconnaît pas la double nationalité et n’entretient aucune relation diplomatique avec les États-Unis, depuis la Révolution islamique de 1979.
L’échange de prisonniers s’accompagne du transfert de six milliards de dollars de fonds iraniens gelés en Corée du Sud, vers un compte spécial au Qatar, qui ont transité par une banque en Suisse, un point clé dans les négociations sur le sort des prisonniers américains. L’Iran pourra utiliser cette somme pour des achats humanitaires tels que des denrées alimentaires et des médicaments.
Deux Iraniens resteront aux États-Unis
La Maison-Blanche, qui s’est défendue de payer une «rançon», a assuré, par l’intermédiaire du haut responsable déjà cité, que l’utilisation de ces fonds serait sévèrement encadrée et a martelé qu’il ne s’agissait pas de «l’argent des contribuables américains». L’échange de prisonniers a été une «décision difficile» pour le président démocrate, selon cette source. «L’alternative, c’était que ces Américains ne rentrent jamais à la maison», a justifié le haut responsable.
Parmi les cinq Iraniens libérés, «deux retourneront en Iran, un autre se rendra dans un pays tiers, où vit sa famille, et les deux derniers resteront aux États-Unis».
Aux yeux de certains experts, cet accord, conclu après des négociations très discrètes, témoigne d’un apaisement des tensions entre l’Iran et les États-Unis, mais ils ne préjugent pas d’un possible accord sur le dossier du nucléaire iranien. Le président iranien, Ebrahim Raïssi, est attendu lundi à New York, pour participer à l’Assemblée générale de l’ONU.