Football fémininLa Suisse se qualifie pour le Mondial à la 121e minute!
Tout semblait s’opposer à l’équipe nationale mardi soir à Zurich. Elle a finalement vaincu le Pays de Galles au bout du suspense (2-1).
- par
- Florian Vaney - Zurich
Tout aurait pu tomber à l’eau pour une règle que les 7800 spectateurs du Letzigrund, moins quelques lumières, ont (re)découvert mardi soir. 58e minute du barrage contre le Pays de Galles. 1-1. En deux temps, Ana-Maria Crnogorcevic venait d’expédier le penalty qui envoyait l’équipe nationale à la Coupe du monde au fond des filets. Le problème, justement, tenait dans les deux temps. L’attaquante de Barcelone a trouvé le poteau sur la route de sa tentative initiale. Poteau qui lui a renvoyé le ballon dans les pieds, avant qu’elle réussisse à marquer. Cela revient à voir la même joueuse toucher deux fois de suite le cuir sur une balle arrêtée. C’est interdit. But annulé. À ce stade, le voyage de l’été 2023 en Australie et en Nouvelle-Zélande n’est rien de plus qu’une hypothèse.
On avance à la 84e minute. Sur un enchaînement parfait, Ramona Bachmann trouvait enfin ce but salutaire qui échappait à son équipe. Extase dans le stade. La joueuse du PSG en enlève son maillot de joie. Il faut plusieurs minutes à la VAR pour déceler un hors-jeu de Riola Xhemaili au début de l’action. But annulé, encore. Le Pays de Galles formait un mur, les éléments un second.
La générosité de Bachmann
C’est que la Suisse a eu droit à l’adversaire qu’elle attendait. Et l’écrire ne fait pas état d’une bonne nouvelle. Les Galloises se sont montrées redoutables dans le jeu physique, en y ajoutant une surprise pas forcément bienvenue vu de Suisse: la capacité à se projeter en rupture d’une justesse désarmante, surtout en première mi-temps. Face à des Helvètes si longtemps bloquées face au rideau défensif britannique, cela a posé problème. Jusqu’à mener à l’ouverture du score des visiteuses (19e, Rhiannon Roberts), consécutive à un corner. Forcément.
Il faut alors louer mille fois le match tout de créativité et de générosité de Ramona Bachmann. Au milieu d’une Suisse coincée, ramenée face à ses démons de l’année 2022, la numéro 10 s’est activée pour créer des décalages qui semblaient souvent ne pouvoir exister que par elle. Il y a bien eu cette 45e minute, où elle n’était pas à la baguette. Pour la bonne raison que Noelle Maritz pouvait la trouver à la conclusion. Magnifique frappe d’une toute aussi magnifique occasion (1-1). Cela aurait répondu à la logique la plus limpide que ce soit Ramona Bachmann qui envoie la Suisse au Mondial. La 84e minute, donc, en a décidé autrement. Prolongations, et sortie préventive des calculettes.
La donne restait claire. Une victoire avant les tirs au but envoyait la Suisse à la Coupe du monde, une défaite avait valeur d’élimination. Si les penalites étaient atteints, en revanche, il existait un risque qu’un succès ne suffise plus. De plus en plus pressantes, de moins en moins mises en danger, les protégées de Niels Nielsen comprenaient que rien ne leur serait offert. À la 116e, Riola Xhemaili voyait encore son coup de tête repoussé sur la ligne galloise. Cet enchaînement de malheurs pouvait-il connaître une issue heureuse? Oui! Grâce à l’offensive de la dernière chance. Décalage sur Géraldine Reuteler, centre, déviation subtile de Fabienne Humm (121e, 2-1). Quel mérite énorme. La Suisse va à la Coupe du monde. Niels Nielsen peut s’en aller le sentiment du devoir accompli.