SécheresseLe débit des chutes du Rhin n’a jamais été aussi faible
Le site près de Schaffhouse n’est plus que l’ombre de lui-même. La situation est encore pire que durant l’été 2003. À Berne, le niveau de l’Aar n’a lui aussi jamais été aussi bas.
- par
- Christine Talos
C’est l’un des plus beaux spectacles naturels à voir en Suisse. Les chutes du Rhin attirent chaque année des milliers de visiteurs enthousiasmés par la beauté du site et le grondement furieux de l’eau. Mais cet été, les chutes font peine à voir, relate le Tages-Anzeiger samedi. Des rochers d’habitude immergés sont désormais bien visibles et des plantes se mettent même à y pousser.
La raison? La sécheresse bien sûr. La faible et précoce fonte des neiges, les précipitations inférieures à la moyenne depuis des mois et la canicule actuelle font que le niveau du Rhin dans la région baisse presque d’heure en heure.
Conséquence: il n’y a jamais eu aussi peu d’eau qu’aujourd’hui. Normalement, en été, les chutes du Rhin déversent en moyenne 600’000 litres d’eau par seconde. Vendredi, ce chiffre n’était que de 286’000 litres d’eau. Soit encore moins que durant la canicule de tous les records en été 2003 où un débit de 300’000 litres d’eau par seconde avait été mesuré le 15 juillet. Même en 2018, où l’été avait été très sec, il y avait eu 305’000 litres d’eau par seconde.
Si ce faible débit ne décourage pas (trop) les touristes, les producteurs d’électricité font eux grise mine. La centrale électrique de Schaffhouse produit ainsi plus de 35% de courant en moins qu’à l’accoutumée à cette période de l’année.
L’Aar est au plus bas à Berne
Il n’y a pas qu’aux chutes du Rhin où le niveau de l’eau est au plus bas. L’Aar, qui est l’un des affluents du Rhin, bat aussi tous les records négatifs. Ainsi mercredi, le débit de la rivière à la station de mesure de Berne-Schönau était de 117 m3 par seconde, alors qu’il devrait être aux alentours de 200 m3/s. C’est le débit le plus faible jamais enregistré depuis le début des mesures en 1992, relate la Berner Zeitung samedi. Là aussi, les records des étés 2003 et 2018 sont battus.
Si les baigneurs peuvent encore faire trempette dans la rivière, ils doivent cependant faire attention aux rochers qui émergent parfois. Sans parler des plongeons à éviter désormais par endroits. Quant aux poissons, ce n’est pas tant le faible débit qui les gêne, mais plutôt la température de l’eau anormalement haute. Elle était jeudi de 22,4 degrés. Mais à partir de 23 degrés, certaines espèces sensibles, comme les truites, courent un grave danger.
Retard en vue pour les marchandises livrées par bateau sur le Rhin
Corollaire de la sécheresse qui affecte le Rhin: de nombreuses marchandises risquent de rester bloquées dans les ports maritimes et d'arriver en Suisse avec du retard. En effet, le niveau d’eau du Rhin baisse dangereusement à Bâle et en Allemagne. Alors qu’il était encore de 124 cm lundi, il est déjà passé sous la barre des 90 cm jeudi. Vendredi, il était de 84 cm. Si le niveau descend sous la barre des 80 cm, tous les bateaux, même les plus petits, ne peuvent plus être chargés à plein. Ce qui devrait se produire ces prochains jours, selon la Basler Zeitung.
Conséquences: les bateaux ne peuvent être que très peu utilisés. Comme les coûts de base par bateau restent les mêmes, mais que le taux de remplissage diminue, il en résulte des coûts de fret plus élevés pour les marchandises transportées. Il s'agit notamment des céréales, des produits pétroliers, du charbon, des matériaux de construction tels que le sable, le gravier et les poutrelles en acier, ainsi que des conteneurs de produits finis du monde entier - de la poêle de Chine aux vêtements du Vietnam.