Inondations en Libye: Le site Unesco de Cyrène risque des effondrements

Actualisé

Inondations en LibyeLe site Unesco de Cyrène risque des effondrements

Cinq heures de pluies torrentielles se sont déversées sur le gigantesque site antique grec, dans la nuit du 10 au 11 septembre.

Le site est encore largement inondé et a déjà subi plusieurs écroulements.

Le site est encore largement inondé et a déjà subi plusieurs écroulements.

AFP

L’imposant site antique grec de Cyrène, classé depuis 2016 par l’Unesco comme patrimoine mondial en péril, court des risques d’effondrement après les inondations dévastatrices. Il s’agit d’un «site gigantesque et de la plus grande colonie grecque, une cité bâtie entre la fin du VIIe et le début du VIe siècle avant notre ère», explique Vincent Michel, chef de la mission archéologique française en Libye. Selon Claudia Gazzini, spécialiste de la Libye pour l’International Crisis Group, le site est encore largement inondé et a subi plusieurs écroulements.

«On a une route en descente, Sharaa el Wadi, longée de murs antiques, qui connectait la partie haute du site à la partie basse et par laquelle circulaient les eaux de pluie mais des blocs de pierre sont tombés, bloquant l’écoulement de l’eau», explique Claudia Gazzini. «Dans la partie basse du site, on a aussi de l’eau sale qui sort de terre au milieu des ruines par gros bouillons et en continu», ajoute-t-elle.

Pire encore, la Fontaine d’Apollon, ce bassin naturel creusé dans une grotte qui recueillait une eau de source limpide, «s’est transformée en une grande baignoire où on aurait versé du bain moussant», déplore Claudia Gazzini. Tout cela à cause de «cinq heures de pluies torrentielles qui se sont déversées sur le site et le village voisin de Shahat», dans la nuit du 10 au 11 septembre, souligne-t-elle. Elle exprime aussi de l’inquiétude pour le théâtre grec où de gros blocs se sont effondrés au milieu des gradins.

Les habitants sont préoccupés par la perspective des pluies hivernales. «Si les infiltrations d’eau continuent et que l’eau reste bloquée sur le site, le mur d’enceinte pourrait s’écrouler et emporter une bonne partie des ruines», explique Mme Gazzini. Pour Vincent Michel, qui connaît bien le site et a pu analyser des images post-inondations, «pour le moment il n’y a pas eu de destructions majeures à Cyrène, les monuments sont encore debout».

Mais «les torrents d’eau, de terre et de pierres ont raviné les voies, notamment la voie royale, et le principal dommage est à venir car l’eau a largement circulé et fragilisé les fondations des monuments», s’inquiète-t-il. «Sachant que la pierre est de mauvaise qualité dans la région, les monuments risquent de se disloquer faute de bonnes fondations», ajoute-t-il.

Parmi ses monuments, Cyrène abrite «l’un des plus grands temples de l’Antiquité, celui de Zeus qui est plus grand que le Parthénon à Athènes», souligne l’expert. Autre préoccupation: l’immense nécropole au nord du site, juste à l’extérieur du mur d’enceinte, qui a «reçu des centaines de mètres cubes d’eau, qui ont pu déplacer et remplir des tombes». Cyrène «qui faisait plus de 10 kilomètres de circonférence, représente l’un des rares sites où la ville des morts était aussi grande que celle des vivants», note Vincent Michel.

(AFP)

Ton opinion

0 commentaires