Bangladesh: Inculpation de 29 Rohingyas pour le meurtre d’un chef de la communauté

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BangladeshInculpation de 29 Rohingyas pour le meurtre d’un chef de la communauté

La police du Bangladesh a inculpé lundi au moins 29 Rohingyas pour le meurtre d’un chef rohingya et militant pacifiste, Mohib Ullah, en septembre dernier, a déclaré un procureur.

En 2019, Mohib Ullah a réussi à réunir 100’000 personnes pour commémorer les deux ans d’exil de la communauté.

En 2019, Mohib Ullah a réussi à réunir 100’000 personnes pour commémorer les deux ans d’exil de la communauté.

AFP

La police a terminé son enquête et déposé un acte d’inculpation contre 29 Rohingyas pour le meurtre d’un chef rohingya et militant pacifiste, Mohib Ullah, devant un tribunal de Cox’s Bazar, dans le Sud-Est du pays, a dit à l’AFP le procureur Faridul Alam: «Sur les 29, la police a arrêté 15 personnes, les autres sont en fuite. Au moins quatre des personnes arrêtées ont fait des aveux sur leur rôle dans le meurtre.»

Mohib Ullah, fondateur de l’Arakan Rohingya Society for Peace and Human Rights (ARSPH), un groupe de défense des droits de la communauté, et principal chef de près d’un million de Rohingyas vivant dans les camps du Bangladesh, avait été abattu devant son bureau. Sa famille avait aussitôt imputé son meurtre aux forces de l’Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA), un important groupe d’insurgés de l’État de Rakhine (Arakan), dans l’Ouest de la Birmanie. La police n’a pas directement accusé l’ARSA du meurtre, a ajouté le procureur, mais elle a déclaré que «ceux qui s’opposaient au rapatriement (des Rohingyas vers la Birmanie) ont tué Mohib Ullah. Certains (des inculpés) sont membres de l’ARSA». L’ARSA a toutefois fermement nié toute implication dans ce meurtre.

Un «génocide» reconnu par les États-Unis

Mohib Ullah et son association avaient discrètement documenté les crimes de l’armée birmane subis par les Rohingyas, minorité majoritairement musulmane, tout en agissant pour l’amélioration des conditions de vie dans les camps. Ancien instituteur âgé de 48 ans, le militant s’était fait connaître en 2019 en organisant une manifestation qui avait rassemblé 100’000 personnes pour marquer leurs deux années d’exil. Cette année-là, il avait été invité à la Maison Blanche par le président américain Donald Trump et avait pu également plaider sa cause devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève. Après son meurtre, les membres de la famille de Mohib Ullah ont trouvé refuge dans un camp de transit géré par l’ONU et, en avril, ils ont été relocalisés au Canada dans le cadre d’une réinstallation dans un pays tiers.

Quelque 750’000 Rohingyas ont fui les exactions de l’armée en Birmanie et cherché asile en 2017 au Bangladesh voisin, où se trouvaient déjà plus de 100’000 réfugiés, victimes de précédentes violences. Les Rohingyas survivent, entassés dans des camps insalubres à l’abri de baraques faites de bâches, tôles et bambous et refusant de retourner en Birmanie, à majorité bouddhiste, tant qu’ils n’auront pas obtenu des droits de citoyenneté. En mars, les Etats-Unis ont pour la première fois reconnu que des Rohingyas avaient été victimes d’un «génocide» perpétré par l’armée birmane.

(AFP)

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