InterviewVendredi sur mer: «Je voulais de la techno sur cet album»
La Genevoise fait un virage à 180 degrés avec son disque «Métamorphose». Elle se confie sur cette «naissance».
- par
- Fabio Dell'Anna
C’est un vendredi, avec vue sur le lac Léman à Lausanne, que l’on rencontre Vendredi sur Mer. De son vrai nom, Charline Minot, la Genevoise revient avec un album qui brouille les pistes: «Métamorphose». Excellente dans son univers french synthpop, elle décide de surprendre et entame un virage à 180 degrés, en faisant le grand écart entre les beats techno et un piano-voix. Elle s’ouvre également plus: «Je raconte des choses que je n’avais jamais dites à voix haute.»
L’artiste de 27 ans parle de ce disque comme «une naissance». Une ode à la femme qu’elle est devenue qui vit de plus en plus le moment présent. Elle n’a qu’une envie: jouer ses nouveaux morceaux le plus possible en live.
Vous revenez avec un deuxième album intitulé «Métamorphose». Sacré métamorphose musicale, non?
Oui, c’est une volonté. Je n’aurais pas pu faire deux fois le même album. Et surtout, j’avais envie d’explorer plein de choses. Je me suis amusée comme jamais sur ce disque. J’ai bossé avec plein de gens incroyables et j’en suis trop fière. Je suis ravie car, lorsque je suis arrivée dans le milieu de la musique, j’ai tout découvert avec insouciance. Et j’ai vraiment, sur ce projet en tout cas, choisi ce que j’avais envie de faire. J’ai pris beaucoup plus les rênes et j’ai fait un virage. C’est moi. Plus que sur le premier album, finalement.
Qu’est-ce qui vous a inspirée pour ce virage à 180 degrés?
Je m’inspire beaucoup de ce que je vis et ce que je ressens. La différence avec ce disque, c’est que l’on ne retrouve pas de mélancolie. Les chansons représentent mon sentiment du moment. C’est aussi beaucoup plus intime. Je pense notamment au titre «S’il est». Cela parle de ce que je pense de moi et ce que je ne dis jamais à personne. Bon, maintenant tout le monde sera au courant… (Rires.)
Dans ce piano-voix, vous dites: «Je ne sais que casser et tout recommencer. Je ne suis jamais assez.» Êtes-vous très exigeante envers vous-même?
Oui, je crois. Je ne me laisse pas trop d’options et je me demande toujours si j’ai bien fait les choses. Parfois, je repense à des situations et j’interprète ce que les autres peuvent penser de moi. Je me tiraille pour rien. Pas forcément dans la musique, mais plus dans ma vie de manière générale. Je suis attachée au passé. J’ai souvent des souvenirs qui me reviennent.
Vous êtes mélancolique?
Oui, assez. Autant des moments tristes que joyeux. C’est étrange… Cela me permet de faire le point et surtout de me pousser vers le haut. Par exemple, en me souvenant de qui j’étais et voir le parcours accompli. Quand j’ai des moments de doutes, cela me permet de relativiser.
Avec le titre «Désabusée», on s’imagine dans un club berlinois.
Quand j’ai réfléchi à cet album, j’avais envie de travailler avec quelqu’un qui venait de la techno. Je ne savais pas encore à quoi allait ressembler le disque, mais j’avais cette certitude. J’ai rencontré Sam Tiba du groupe techno Club Cheval avec qui j’ai réalisé tout le disque. J’avais besoin d’aller à l’extrême et de chercher autre chose. Je n’avais plus envie d’être une Vénus (ndlr.: son inspiration pour son premier disque). C’était très bien pour commencer ma carrière, mais là je voulais aller ailleurs. C’était le meilleur moyen d’effectuer ce virage.
En parlant de virage, vos morceaux sont d’habitude plus parlés que chantés. Cette fois-ci, vous avez décidé de faire le contraire. Pourquoi?
Lors du premier confinement, je sortais de ma tournée qui était assez longue. Sur scène, j’étais tellement heureuse de découvrir que, lorsque les refrains arrivaient, les gens les chantaient avec moi. Je me disais: «C’est fou! J’adore ça!» Et surtout, j’avais envie de chanter plus, car je n’ai jamais vraiment osé. Par peur. Je ne me considérais pas comme une chanteuse. Je ne m’en pensais pas capable. Là, j’ai décidé de casser toutes mes barrières. J’ai pris des cours. Aujourd’hui, quand je suis en concert, je remarque que paradoxalement le plus compliqué sont les parties où je parle. (Rires.)
Votre deuxième single, «Monochrome», est digne de ce que Yelle pourrait faire de mieux. Est-ce que vous appréciez cet artiste?
Ouais, j’adore Yelle. On m’en parle souvent. Et aussi de Mylène Farmer. Je ne peux qu’être honorée parce que ce sont deux artistes que j’admire beaucoup. Pour connaître un peu Yelle, c’est une femme qui est fascinante et qui me ressemble quand même assez dans ce qu’elle est personnellement et dans ce qu’elle peut dégager sur scène. Il y a une espèce de mutation qui est assez ouf! C’est un beau parallèle.
Vous suivez aussi Angèle sur Instagram, vous vous connaissez?
Nous nous sommes déjà croisées beaucoup de fois lors de festivals ou autres concerts. Je trouve qu’elle a ramené quelque chose de frais. C’est à l’opposé de ce que je fais. Mais j’admire les artistes authentiques, qui sont logiques avec leur propos et l’image qu’ils renvoient.
Le concert de Vendredi sur mer à L’Usine à Gaz de Nyon a été annulé à cause de problèmes de santé. Les billets sont remboursés.