Test«Spider-Man 2» mise sur l’énorme et la surenchère
L’unique exclusivité majeure PlayStation 5 de cette fin d’année impressionne par son côté complètement démesuré mais aussi par une tendance à abuser des combats de boss.
- par
- Jean-Charles Canet
Seule exclusivité PlayStation de grande ampleur pour cette fin d’année, «Marvel’s Spider-Man 2» succède à «Marvel’s Spider-Man» sur PS4 (2018), comme on pouvait s’y attendre, mais aussi à «Marvel’s Spider-Man: Miles Morales» (2020) sur PS4 et première entrée sur PS5. Si la variante avec Miles Morales comme personnage principal peut être considérée comme une suite directe de même génération que le premier Spider-Man, «Spider-Man 2», qui est sorti le vendredi 20 octobre 2023, se veut d’un tout autre calibre. Ce second Magnus opus est doté de l’arc narratif le plus ample et le plus surprenant de tous les épisodes ludiques. Nous l’avons entièrement parcouru.
Déjà, «Spider-Man 2» ne sort que sur PlayStation 5. Techniquement, il n’est donc pas tiré vers le bas par une version PS4 comme cela est encore souvent le cas. Là, les choses sont claires et le jeu nous a paru être techniquement le plus impressionnant jamais observé sur cette génération de console.
L’action se passe à New York. Mais un New York dont la taille a été doublée et dans lequel cohabitent Peter Parker et Miles Morales. C’était déjà le cas dans «Spider-Man: Miles Morales» mais Peter avait pris congé de Miles tout un début du jeu pour participer à un voyage en Europe. Dans ce nouvel épisode, le principe veut que les deux super-héros vont se partager les rôles, le joueur va passer d’un personnage à l’autre en fonction d’un scénario qui présente à son début Kraven (un chasseur impitoyable entouré de disciples) en tant que principal antagoniste. On relève que le duo ne fournit cependant pas la possibilité d’un mode coopération avec Peter dirigé par un joueur et Miles par un autre en simultané. Le jeu assume d’être une aventure solo uniquement.
Une douche froide pour commencer
La première séquence de gameplay (qui suit une exposition narrative de bonne tenue) fut pourtant pour nous une douche froide. Miles et Peter affrontent l’Homme-sable qui se met à dévaster la métropole. L’action consiste à éviter les projectiles de William Baker et à parvenir a lui en balancer en retour. Au cœur d’une succession de séquences au spectaculaire varié et allant crescendo, Pete et Miles sont toujours à deux doigts d’être défaits mais se ressaisissent et finissent par parvenir au niveau suivant, jusqu’au triomphe à l’arraché.
Cette séquence nous a paru interminable et fait craindre que le jeu ne soit bâti que sur ce type d’actions montées en neige qui sacrifient la brièveté au spectaculaire au risque de devenir répétitive. Cette crainte n’est pas fondée, du moins dans la première partie du jeu qui laisse ensuite au joueur la possibilité d’avancer à son rythme dans un New York au périmètre agrandi en fonction des missions secondaires qu’il choisira d’activer.
Le problème est que la succession de séquences d’action majeures enchaînées sur le mode du crescendo par étages s’accélère dans la seconde partie de l’aventure. Avec des barres de vie de boss qui se reremplissent, une, deux et même parfois trois fois avant que l’adversaire reste à terre. On note aussi une propension à en rajouter dans le nombre de vagues ennemies qui semblent parfois ne jamais devoir s’arrêter. La différence entre en rajouter pour faire croître l’excitation et le rallongé pesant est fine, «Spider-Man 2» abuse clairement du second à nos yeux.
Tricoté aux petits oignons
Heureusement, tout n’est pas que répétition à l’excès. Les créatifs du studio Insomniac ont su introduire une variété de gameplay d’intensités variables, certains ressemblant à des choses connues dans les précédents épisodes mais aussi d’autres plus inventifs, plus surprenants. Il y a bien sûr les points jaunes sur la carte qui marquent les étapes qui font progresser l’histoire, il y a les autres qui permettent à Miles et/ou Peter de mieux s’équiper en capacités, costumes et gadgets. Il y a même des phases dans lesquelles la furtivité est de rigueur, notamment celles ou MJ devient contrôlable.
Mieux que dans les précédents Spider-Man, les activités obligatoires, les actualités facultatives et les séquences narratives (non interactives) sont superbement agencées. On nage dans une forme de perfection ludique à ce stade.
Certes, on ne nous épargne pas non plus les quelques clichés dramatiques qui sont propres à l’univers Spider-Man. Nous sommes dans une phase ou Peter a perdu sa tante May et Miles son policier de père. Peter est en relation avec MJ. Miles regarde encore avec des yeux d’amoureux transi sa copine sourde-muette. L’amitié entre Peter et Harry Osborn est très importante pour le récit. Le labo dirigé par Harry – et financé par papa – présente diverses activités susceptibles de sauver la planète des diverses calamités qui la menacent. Et Venom, le parasite extraterrestre, tape l’incruste et devient un enjeu dramatique majeur. Cela sera source d’un certain nombre d’introspections caricaturales pour nos héros.
Parfois naïf
C’en est parfois troublant de naïveté, et même un tantinet mièvre. Rien qui ne soit propre à l’univers étendu Marvel mais rien non plus pour le transcender. On reste dans la fidélité absolue. C’est déjà pas mal, direz-vous.
Mais malgré nos très subjectives réserves «Spider-Man 2» n’en reste pas moins le jeu narratif le plus accompli passé par nos mains ces derniers mois. Un jeu énorme auquel tous les départements créatifs du studio Insomniac ont contribué à la réussite.
«Spider-Man 2» est disponible en exclusivité dès le 20 octobre 2023 sur la PlayStation 5.