Débâcle de la grande banque: Les employés de Credit Suisse réclament une Task force 

Publié

Débâcle de la grande banqueLes employés de Credit Suisse réclament une Task force

Ce week-end de discussion sur l’avenir de Crédit Suisse (CS) restera gravé à jamais dans les mémoires de ses employés: ils risquent non seulement d’être 10’000 de moins, mais aussi de changer de patron dès lundi.

Archives/Photo d’illustration.

Archives/Photo d’illustration.

AFP

Comme le rapporte la «NZZ am Sonntag» du jour, l'Association suisse des employés de banque (ASEB) a négocié samedi avec Credit Suisse au vu de la menace qui pèse sur les emplois au sein de la banque et pour tenter de sauver ce qui peut l’être. «Il est à craindre que beaucoup plus de postes soient désormais en jeu que ce qui avait été communiqué à l'automne dernier. La situation est dramatique», déclare ainsi Michael von Felten, président de l'ASEB au journal zurichois. 

L’automne dernier, CS avait annoncé un plan de restructuration avec environ 43’000 postes à plein temps restants sur les 50’480 actuels – dont environ 17’000 en Suisse et près de 10’000 dans la région zurichoise. Mais dès ce week-end, le nombre de postes à supprimer devrait augmenter. L'association du personnel bancaire parle d'une situation dramatique, et exige la création d'une Task force des partenaires sociaux pour le personnel du CS, composée de représentants des employés et d’autres acteurs. Cela afin de sauver le généreux plan social de l’automne passé. La Task force devrait être consultée lors des décisions concernant le personnel. Et si nécessaire, les politiques, et notamment le Conseil fédéral, devront y veiller. 

Enjeu énorme pour le personnel et pour l’économie

«Dans cette situation extraordinaire, le courant normal ne suffit plus», explique Michael von Felten. L'enjeu est énorme pour les employés suisses du CS et pour l'économie nationale. L'objectif de l’ASEB: sauver le plan social généreux de Credit Suisse négocié en 2016. Il a été appliqué depuis, lors de chaque restructuration, et a permis d'atténuer de nombreux cas de rigueur. Vu la bonne protection offerte au personnel par ce plan social, l’ASEB s’était ainsi abstenue de toute revendication à l’annonce par CS d’une importante suppression de postes à l'automne dernier.

Pour l’heure, l’existence de milliers d’employés est suspendue aux négociations secrètes à Berne sur l’avenir de CS. «Lorsqu'ils allumeront leur ordinateur lundi, ils travailleront probablement pour une autre entreprise que celle pour laquelle ils l'ont éteint vendredi. Personne ne peut dire à l'heure actuelle combien de temps ils auront encore un emploi», conclut le journal zurichois.

Et il reste ouvert si le plan social de CS restera valable en cas de reprise par l’UBS, qui a un contrat similaire avec son personnel. Mais les employés de Credit Suisse craignent d’être moins bien considérés. «Nous devrons alors nous assurer, par exemple, que les employés de Credit Suisse voient leurs années de service prises en compte par l’UBS», déclare Michael von Felten. (lire encadré)

Sauver Credit Suisse ne sauve pas les emplois

Mercredi dernier, lors de la chute du cours de Credit Suisse à la bourse à un nouveau plus bas historique, des employés ont réagi presque dans la panique, rapportent des personnes de l'intérieur de la banque. Certains, imitant leurs clients, ont retiré l'argent de leur compte CS pour le mettre à l’abri dans une autre banque, rapporte le journal dominical. Ils sont nombreux aussi à avoir commencé à chercher un nouvel emploi. L’ambiance est «paralysante et d'une insécurité palpable au sein du personnel».

La crainte des employés est due au fait qu’en cas de fusion avec l'UBS, les doublons seraient très nombreux, en particulier dans les affaires suisses. Car les deux banques se battent peu ou prou pour les mêmes clients sur le petit marché de notre pays. Ainsi, sauver les activités de Credit Suisse n'équivaudrait pas à sauver les milliers d'emplois que la banque assure dans notre pays. Des suppressions d'emplois supplémentaires sont inévitables. Reste à savoir combien.

L'incertitude demeurera demain

Si Berne cherche une solution rapide, les employés, eux, devront attendre au-delà de ce week-end pour connaître leur avenir. Savoir quelles activités seront poursuivies par qui et comment prendra des mois encore. Et si la banque se dissout, toutes les garanties sur lesquelles les employés pouvaient compter jusqu'à présent, dont leur plan social généreux, disparaîtront dans le désastre.

(ewe)

Ton opinion

0 commentaires