Afrique du SudPour un tueur à gages, un mari pénible coûte moins cher qu’un politicien
Selon les dernières statistiques de la police, 82 meurtres sont commis chaque jour dans le pays. Les meurtres commandités sont fréquents et ne coûtent pas grand-chose.
Entre 130 et 8000 francs, c’est le tarif pour éliminer quelqu’un en Afrique du Sud. Ce qui fait la différence? La nature de la cible: un mari insupportable coûtera moins cher qu’un conseiller municipal. Et les qualifications du tueur à gages.
Personne ne sait encore combien a coûté le meurtre d’AKA. Kiernan Forbes, 35 ans, star du rap sud-africain, a été tué mi-février sur un trottoir devant un restaurant de Durban d’où il sortait d’un dîner entre amis. Le crime est une affaire quotidienne en Afrique du Sud. Selon les dernières statistiques de la police, 82 meurtres sont commis chaque jour et les enquêtes sont rarement résolues. Le pays traîne la réputation d’être l’un des plus dangereux au monde.
Dans l’affaire du meurtre d’AKA, la police dit travailler sur plusieurs pistes. Des téléphones saisis ont livré des informations, mais aucune arrestation n’a encore eu lieu. Les premières conclusions des enquêteurs évoquent un assassinat et relancent l’inquiétude sur le phénomène des tueurs à gages en Afrique du Sud.
Peu d’affaires devant les tribunaux
Machinations sordides pour toucher l’argent d’une assurance vie, batailles politiques résolues par le meurtre d’un rival gênant, assassinat d’un fonctionnaire scrupuleux alertant sur des irrégularités dans des comptes… Les meurtres commandités sont fréquents.
Pourtant «peu d’affaires impliquant des tueurs à gages se retrouvent devant les tribunaux (…) Et s’il y a un risque que ça se produise, les tueurs à gages se font souvent eux-mêmes éliminer», explique Mary de Haas, universitaire spécialiste de la violence politique dans la région zouloue (est), particulièrement touchée par le phénomène. Faire disparaître quelqu’un en Afrique du Sud «semble dès lors assez facile», dit-elle.
Les hommes de main sont payés entre 130 et près de 8000 euros, selon une étude publiée en 2021 par le think tank suisse Global Initiative against Transnational Organized Crime (GI-TOC), qui a compilé les données sur les meurtres commandités pendant quatre ans.