Débat: Lionel Messi mérite-t-il un 8e Ballon d’or?

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DébatLionel Messi mérite-t-il un 8e Ballon d’or?

L’Argentin est fortement pressenti comme vainqueur du trophée qui sera décerné le 30 octobre. Mérité? Immérité? Deux de nos experts en débattent.

Daniel Visentini
Simon Meier
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Daniel Visentini
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Simon Meier
L’Argentin Lionel Messi a remporté au Qatar le dernier grand trophée qui manquait à son palmarès.

L’Argentin Lionel Messi a remporté au Qatar le dernier grand trophée qui manquait à son palmarès.

AFP

Oui: Daniel Visentini

«Il a remporté la Coupe du monde en portant toute l’Argentine sur ses épaules»

Pour Daniel Visentini, Lionel Messi remplit tous les critères d’attribution du Ballon d’or.

Pour Daniel Visentini, Lionel Messi remplit tous les critères d’attribution du Ballon d’or.

TDG

C’est sympa un débat. Sauf quand il n’y en a pas. Messi est le meilleur joueur du de la planète encore en exercice et il a remporté la Coupe du monde en portant toute l’Argentine sur ses épaules. Fin de la discussion, il mérite son huitième Ballon d’Or.

Bon, d’accord, vu comme ça, l’argumentaire est simple. En fait, il est aussi simple que le règlement qui liste les critères d’attribution de la distinction. On le reproduit ici:

«Article 4. Le Ballon d'Or est attribué en fonction de trois critères principaux. 1. Performances individuelles et caractère décisif et impressionnant. 2. Performances collectives et palmarès. 3. Classe et fair-play.»

Évidemment, pour qui veut  ergoter, le Lionel Messi du PSG, avant et après le Mondial qatari, n’a pas particulièrement brillé. Mais est-ce de sa faute, au génial argentin, s’il était si mal utilisé? La réponse est venue des terrains, comme toujours avec Leo. Et pas n’importe lesquels: ceux du Mondial 2022.

Entre novembre et décembre 2022, Messi a été étincelant, au plus haut niveau, indiscutablement. Il a satisfait aux trois critères d’attribution face aux meilleures nations du monde, reléguant la défaite initiale face à l’Arabie Saoudite au rang d’anecdote. On revient donc sur les critères?

La performance individuelle et le caractère décisif? C’est oui. Impressionnant? C’est oui. La performance collective et le palmarès avec la Coupe du monde pour l’Argentine en poche? C’est encore oui. Le fair-play? Évidemment.

Alors oui, ce n’est qu’un mois dans une saison. Mais quel mois! Dans le plus grand tournoi, le plus dur, le plus inaccessible. Messi avait alors 35 ans, ses contempteurs le disaient fini: quelle réponse! Ensuite, c’est à l’Inter Miami qu’il a apporté la lumière. Le club américain perdait tous ses matches? Depuis cet été, grâce au transfert de l’Argentin, il gagne.

Pour la première fois, le Ballon d’Or devrait être attribué à un footballeur n'évoluant pas en Europe. Il fallait bien que celui-ci soit génial. La définition de Messi. CQFD.


Non: Simon Meier

«Le distinguer comme le meilleur de la saison constituerait une insulte au football»

Pour Simon Meier, cet ultime triomphe de Lionel Messi, de même que ses statistiques, ressemblent à un trompe-l’œil.

Pour Simon Meier, cet ultime triomphe de Lionel Messi, de même que ses statistiques, ressemblent à un trompe-l’œil.

LM

Lionel Messi est l’un des plus grands footballeurs que la planète n’a jamais portés. Mais lui attribuer un huitième Ballon d’or, après le septième déjà tiré par les cheveux en 2021, relèverait de la mauvaise farce, du spot publicitaire sans fin, de la glorification aveugle d’un crépuscule.

Oui, le divin Leo, porté par la foi des siens et l’amour du Qatar, s’est montré décisif dans le contexte très particulier et fugace d’une Coupe du monde. Il a réalisé son rêve, parachevé son œuvre et on en est heureux pour lui qui en a tant donné - du rêve. Mais cet ultime triomphe, de même que ses statistiques, ressemblent à un trompe-l’œil.

Lionel Messi, qui a inscrit quatre de ses sept buts sur penalty au Qatar - il en a raté un cinquième -, n’est malgré son aura plus que l’ombre de ce qu’il a été sur un terrain. Logique, à 36 ans. Lui donner ce Ballon d’or, c'est-à-dire le distinguer comme le meilleur joueur de la saison 2022/23, constituerait - pardon - une insulte au football, une malhonnêteté intellectuelle; et la preuve que ce prix individuel dans un sport collectif confine à l’absurde.

Avant et après la parenthèse du Mondial, Lionel Messi a traîné son spleen sous le maillot du PSG. Il a à peine fourni le boulot, avec ses 16 buts en 32 matches de Ligue 1, mais la plupart ont été marqués face à des adversaires de bas-étage, en trottinant. Trois de ses quatre buts en Ligue des champions ont été inscrits contre le Maccabi Haïfa. Le reste du temps, il a fait la gueule, avant de se mettre en porte-à-faux avec les supporters parisiens puis ses dirigeants (deux semaines de suspension début mai, après une virée commerciale impromptue en Arabie saoudite).

Si c’est cela, un Ballon d’or, alors re-re-re-re-re-re-re-redonnez-le lui. Pendant ce temps-là, pour info, un jeune phénomène a tout écrasé durant onze mois - sauf le Mondial, puisqu’il est norvégien. Pour sa première saison en Premier League, Erling Haaland a battu le record de buts de l'ère moderne (36). Il s’est fondu avec humilité et talent dans le collectif d’un Manchester City très accessoirement champion d’Angleterre et lauréat de la Ligue des champions (12 goals en 11 matches pour lui) comme de la Cup.


Lionel Messi mérite-t-il un 8e Ballon d’or?

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