France«Monique Olivier, c’est vous que j’ai vue! Vous cherchiez des filles!»
Au quatrième jour de son procès pour complicité, l’ex-épouse du tueur en série Michel Fourniret a été prise à partie, vendredi, par les proches de Marie-Angèle Domèce, l’une des disparues.
Trente ans après les faits, les voix se brisent: des proches de Marie-Angèle Domèce ont témoigné vendredi au 4e jour du procès de Monique Olivier, jugée à Nanterre pour complicité dans l’enlèvement et le meurtre de la jeune femme, ainsi que celui de Joanna Parrish et d’Estelle Mouzin.
«La justice n’a rien fait», a déploré une des deux sœurs de la victime, Patricia Domèce, 54 ans, entendue en visioconférence par la Cour d’assises des Hauts-de-Seine. «Ils ont fermé les yeux pour nous, les enfants de la DDASS», a-t-elle ajouté en pleurs à l’évocation de son «adorable petite sœur».
«On nous a toujours pris pour des moins que rien», abonde une témoin de 54 ans, amie proche de Marie-Angèle avec qui elle a vécu dans un foyer pour l’enfance d’Auxerre. Elle raconte comment elle a été abordée par le tueur en série Michel Fourniret en décembre 1987. En 2003, elle le reconnaît sur les photos de son interpellation en Belgique. Mais, se méfiant de la justice – n’ayant pas été crue après des accusations de viol portées à l’égard du compagnon de sa mère –, elle n’a alors rien dit, «par peur».
Puis de lancer, en colère, à l’ex-épouse de l’ogre des Ardennes: «Monique Olivier, c’est vous que j’ai vue! Vous cherchiez des filles!» Elle déclare avoir vu le couple près de chez elle à Auxerre avant la disparition en juillet 1988 de Marie-Angèle. «Je demande pardon aux familles, j’aurais dû parler», lance-t-elle, éplorée, aux parties civiles.
Michel Fourniret rôdait autour d’un foyer pour l’enfance
Le directeur d’enquête à la section de recherches de Dijon saisi des faits en 2016 a confirmé dans la matinée avoir auditionné «plusieurs pensionnaires» qui ont expliqué «avoir vu Michel Fourniret (rôder) autour du foyer», à pied ou «dans un fourgon blanc».
Véronique Domèce, 58 ans, autre sœur aînée de Marie-Angèle, a raconté une «famille désunie», où tous les enfants étaient placés dans des familles d’accueil. Elle, ses deux autres sœurs et son frère n’ont appris l’existence de leur sœur cadette, Marie-Angèle, que bien plus tard et l’ont rencontrée alors qu’elle avait déjà 17 ou 18 ans.
«Marie-Angèle était très gentille» et «un peu timide», aimant «les chevaux et les enfants» a décrit Véronique Domèce. Et d’insister: Marie-Angèle «n’était pas handicapée mentale», comme cela a pu être dit au cours de l’instruction. La jeune femme a disparu en juillet 1988 à 18 ans, entre la gare d’Auxerre et le foyer où elle résidait. Plusieurs témoins et parties civiles l’ont affirmé: elle n’aurait jamais fugué du foyer où elle résidait. Malgré plusieurs campagnes de fouilles, son corps n’a jamais été retrouvé.
Le père d’Estelle Mouzin quitte la salle d’audience
Des photos de la jeune femme et de sa famille d’accueil ont été projetées à l’audience. Une témoin, sa «sœur de lait» élevée dans la même famille d’accueil, a tenu, en larmes, à en décrire quelques-unes, mais le président Didier Safar lui a coupé la parole, lui demandant de passer à la photo suivante devant ses hésitations pour remettre un nom sur des visages, plus de 30 ans après.
Il a aussi refusé que les avocats interrogent Monique Olivier sur ces portraits de Marie-Angèle Domèce. Colère de Didier Seban, avocat de parties civiles. «C’est un procès qui ne permet pas le contradictoire!» s’est insurgé le conseil. «Il y a des victimes qui attendent des vérités depuis 30 ans!» Eric Mouzin, père d’Estelle disparue à neuf ans en 2003, a d’ailleurs quitté la salle après que le président a argué que «quatre demi-journées» étaient prévues pour interroger l’accusée.