SondagePlus les hommes aiment la viande, plus ils sont sexistes
Une enquête française affirme qu’on trouve davantage de machos misogynes parmi les viandards que dans la population générale.
- par
- R.M.
Fin août, l’écologiste française Sandrine Rousseau avait fait polémique en dénonçant le lien entre viande et virilité. «Il faut changer de mentalité pour que manger une entrecôte cuite sur un barbecue ne soit plus un symbole de virilité», avait-elle lancé. En lien avec ce thème, un sondage vient d’être réalisé. Et il ne devrait pas calmer les esprits qui s’étaient échauffés: il affirme que les viandards sont bien plus souvent macho et sexistes que la moyenne des hommes.
L’Ifop a sondé un panel représentatif de 2033 hommes pour l’observatoire Darwin Nutrition. Selon cette enquête, plus de la moitié des hommes français sont d’importants consommateurs de viande. 27% disent en manger 4 à 5 fois par semaine. Et 25% sont de vrais viandards, disant manger de la viande rouge ou du gibier tous les jours ou presque.
Une série de propositions a été soumise à ce quart de la population masculine de viandards. Les résultats sont éloquents. Exemples cités par «Le Parisien». «Dans un couple, il est normal que la femme effectue plus d’activités ménagères que l’homme?» 21% des hommes répondent oui. Ce taux grimpe à 47% chez les viandards.
«Le travail d’un homme, c’est de gagner de l’argent, celui d’une femme de s’occuper de la maison et de la famille? » 16% des hommes sont d’accord. Comme 41% des viandards.
«Un non veut parfois dire oui pour une relation sexuelle?» 15% des hommes acquiescent, et cette proportion monte à 36% chez les viandards…
À droite voire très à droite
Conclusion sans appel du quotidien français: les idées sexistes sont surreprésentées dans les rangs des très viandards. Darwin Nutrition note de son côté que les grands consommateurs de viande rouge ont plus souvent des visions ou attitudes misogynes et se montrent plus tolérants envers les violences sexuelles. «Nous avons rarement vu des résultats avec des écarts aussi marqués. Personnellement, je ne m’y attendais pas», a réagi François Kraus, directeur du pôle Politique/Actualité de l’Ifop.
Mais qui sont-ils, ces viandards? Plus de 7 sur 10 disent partager des opinions politiques de centre-droite ou de droite, voire très à droite pour 33% d’entre eux, relate BFMTV. Ils sont en outre davantage représentés dans les milieux modestes, dans les banlieues ou à la campagne.
«Tous les viandards ne sont pas des machos mais une minorité a un rapport au genre et à la société très conservatrice, pour ne pas dire réactionnaire», a commenté François Kraus.
Le spécialiste de l’institut de sondage a cependant tenu à nuancer, soulignant que ces amoureux de viandes rouges misogynes restent minoritaires. «Les viandards machos ne sont qu’une minorité, avec des profils socioprofessionnels plus populaires, moins diplômés, plus modestes et attachés à une certaine identité nationale. Une minorité qui ne pèse pas tant que ça au sein de la population masculine», a-t-il jugé.