AthlétismeLe mari d’Agnes Tirop, poignardée à mort, a été arrêté
L’époux de l’athlète kenyane, retrouvée morte chez elle mercredi, avait appelé pour dire qu’il avait «fait quelque chose de mal». La police l’a attrapé à Mombasa.
La police kényane a annoncé jeudi soir avoir arrêté le mari d’Agnes Tirop, prometteuse athlète de 25 ans dont le meurtre révélé la veille a suscité l’émotion dans le pays et dans le monde de l’athlétisme.
«Le suspect a été arrêté à Mombasa». «Il est en détention et a été arrêté alors qu’il fuyait», a déclaré à l’AFP George Kinoti, directeur des enquêtes criminelles.
L’homme arrêté, Emmanuel Rotich, devrait être présenté vendredi devant un tribunal, selon la même source.
La double médaillée mondiale du 10 000 m (en 2017 et 2019) et 4e des derniers Jeux olympiques de Tokyo sur 5000 m a été retrouvée morte, poignardée, chez elle à Iten, ville d’altitude de l’ouest du Kenya où s’entraînent de nombreux coureurs de fond et demi-fond.
Mercredi, Tom Makori, commandant de police du district de Keiyo North, où se trouve Iten, avait affirmé qu’Emmanuel Rotich, le mari d’Agnes Tirop, était le principal suspect, «ayant passé un appel aux parents de Tirop pour leur dire qu’il avait fait quelque chose de mal».
Émotion et stupeur
«Plus tôt nous le ferons révéler les circonstances qui ont conduit au meurtre de la jeune fille, mieux ce sera pour nous tous», a estimé jeudi le policier.
La mort brutale de Tirop faisait la Une de nombreux médias vendredi au Kenya, frappé par l’émotion et la stupeur. «Le meurtre d’une championne» titrait le quotidien The Daily Nation, «la vie d’une athlète cruellement brisée» affirmait The Star.
«Agnes Tirop avait toute la vie devant elle et une carrière florissante à venir», écrit également The Daily Nation.
La fédération kényane d’athlétisme a annoncé suspendre les compétitions pendant deux semaines, en l’honneur de Tirop et d’un autre coureur de fond, Hosea Mwok Macharinyang, récemment mort des suites de ce qui a été qualifié de suicide.
Son président, Jackson Tuwei, a qualifié sa mort de «véritable choc» pour l’athlétisme kényan, dont elle était l’une des «étoiles montantes».
Elle subvenait aux besoins de la famille
Jeudi, des personnes endeuillées, pour certaines en pleurs, se sont rassemblées au domicile de sa famille dans le village de Kapnyamisa, à environ deux heures de route d’Iten.
«Lorsque nous avons appris la nouvelle c’était très triste, parce qu’Agnes a été une bonne personne depuis sa jeunesse et Agnes n’a jamais été en conflit avec quiconque», a déclaré son frère, Josephat Keter.
Sa mère, Dinah Tirop, a évoqué avec tristesse le souvenir de sa fille, qui subvenait aux besoins de la famille, payant notamment pour les frais de scolarité des enfants.
Tirop avait battu il y a un mois le record du monde du 10 km sur route dans une course exclusivement féminine en 30’01’’ à Herzogenaurach (Allemagne).
Elle s’était révélée en 2015 en remportant à seulement 19 ans le titre de championne du monde de cross-country, devenant la plus jeune athlète à signer une telle performance depuis la Sud-Africaine Zola Budd en 1985.
Hommage présidentiel
Le président kényan Uhuru Kenyatta lui a également rendu hommage. «Il est bouleversant, extrêmement malheureux et triste de perdre une athlète si prometteuse et si jeune qui, à 25 ans, avait déjà apporté la gloire à notre pays par ses exploits sur la piste», a déclaré le chef de l’État dans un communiqué.
«Sa mort est d’autant plus difficile à encaisser qu’Agnes, héroïne du Kenya, a été victime d’un acte criminel lâche et égoïste», a-t-il déploré.