Basketball - Analyse: les enseignements de Suisse – Autriche

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BasketballAnalyse: les enseignements de Suisse – Autriche

Le sélectionneur Ilias Papatheodorou, l’agressivité défensive, un groupe homogène et une abondance de biens pour l’avenir: voici ce qu’il faut retenir après cette fenêtre internationale.

Jérémy Santallo
par
Jérémy Santallo
Ilias Papatheodorou au moment de donner ses consignes à ses joueurs, dimanche.

Ilias Papatheodorou au moment de donner ses consignes à ses joueurs, dimanche.

Michela Locatelli/freshfocus

Papatheodorou, top coach

Lorsque l’on a demandé à Michel-Ofik Nzege si la Suisse pouvait se planter, comme cela lui est arrivée parfois par le passé après une grande performance, à Chypre ou en Irlande au début de l’été, il a répondu du tac au tac. «La grande différence, c’est le coach. On a un gars avec nous qui a amené une équipe en finale de la Champions League (ndlr: en 2020 avec l’AEK Athènes), qui a entraîné de grands joueurs. Il sait de quoi il parle et on l’écoute.»

Après le camouflet du match à Vienne, Ilias Papatheodorou avait préparé ses ouailles avec minutie à la vidéo. Et sa tactique défensive a payé parce que ses protégés ont cru en lui. De plus, de l’autre côté du parquet, on a vu une vraie évolution dans le jeu par rapport à la dernière fenêtre internationale, fin novembre, en atteste les 18 passes décisives au compteur de la sélection helvétique. Un chiffre très prometteur pour la suite.

Une agressivité retrouvée

C’est Raoul Korner, le coach autrichien, qui a le mieux résumé la chose. «Nous étions les agresseurs lors du match aller et on a essayé de les frapper en premier. Mais ce soir (ndlr: dimanche), nous étions dans la réaction et dans ces cas-là, tu n’es pas sur le siège conducteur mais celui du passager. Et tu laisses ainsi l’autre équipe prendre avantage.»

Avec cette défense agressive derrière le pick-and-roll et cette option du switch sur les écrans, la Suisse s’est peut-être trouvé un style défensif pour le futur. «Nous avons joué avec beaucoup de désir et d’intensité, c’était la clé pour battre un adversaire aussi fort que l’Autriche, a réagi Papatheodorou, qui a préféré parler de défense lorsqu’il a été interrogé sur le scoring bien réparti des siens. Les joueurs ont dépensé beaucoup d’énergie à défendre. C’est difficile de laisser une équipe avec une telle alchimie collective à 60 points.»

Impossible de lui donner tort.

Un groupe plus homogène

Pour ce match décisif dans la quête de la 1re place du groupe A, on aurait pu s’attendre à ce que le sélectionneur réduise sa rotation au maximum, pour évoluer avec ces cadres. Mais le tour de force du technicien grec, dimanche, c’est d’avoir su impliquer tout le monde. 10 joueurs ont foulé le parquet et le plus gros temps de jeu n’excède pas les 25 minutes (Natan Jurkovitz).

Si, comme l’ailier, les autres leaders (Arnaud Cotture et Roberto Kovac) ont été impeccables, il faut souligner la plus-value apportée par les remplaçants: Marco Portannese et Marko Mladjan se sont installés comme des jokers offensifs, Michel-Ofik Nzege a prouvé qu’il n’avait pas besoin de club pour être performant en sélection, Boris Mbala a été précieux, dans son registre, sur la quinzaine de minutes qu’il a eues et Juraj Kozic, même s’il a refusé des tirs, a été intéressant et mérite de revenir dans ce groupe. Sans oublier Killian Martin et Robert Zinn: le premier a démontré sur cette fenêtre que l’avenir, sur le poste 4, c’était lui, tandis que le second a mis en exergue le fait qu’il restait une alternative sur le poste de meneur de jeu.

Abondance de biens

On ne pensait pas écrire ça un jour, autour de l’équipe de Suisse. Mais Ilias Papatheodorou pourrait avoir l’embarras du choix au moment de composer le groupe qui ira à Chypre (30 juin) ou en Irlande (3 juillet) afin de valider le ticket pour le 2e tour des pré-qualifications vers l’Euro 2025. Parmi les joueurs qui ont joué dimanche, tous méritent de revenir au début de l’été. Mais le hic, c’est qu’il y avait une flopée d’absents (Jonathan Kazadi, Paul Gravet, Selim Fofana, Jonathan Dubas, Clayton Le Sann, Yoan Granvorka et Yuri Solca) pour diverses raisons lors de cette fenêtre à Fribourg.

Très utilisé l’été passé, pour sa première en équipe de Suisse, Toni Rocak (San Diego) s’est déjà entendu avec sa fédération pour être de la partie fin juin. Des discussions vont également avoir lieu avec Anthony Polite, aussi engagé en NCAA avec Florida State. Et puis quid de Clint Capela? Il faut rappeler que le traditionnel camp annuel du pivot NBA des Atlanta Hawks se tiendra à Genève du 11 au 15 juillet. Dès lors, pourquoi ne pas imaginer une arrivée un peu plus tôt pour évoluer avec la sélection nationale? Musique d’avenir.

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