SuisseL’hommage de Karin Keller-Sutter à Elisabeth Kopp
Dans le «SonntagsBlick», la conseillère fédérale évoque celle qui fut la première femme élue au Conseil fédéral et la remercie pour ce qu’elle a apporté aux politiciennes et à l’ensemble de la société.
«Nous pleurons ces jours-ci la première femme conseillère fédérale de Suisse et donc une pionnière. Et nous pleurons Elisabeth Kopp en tant que femme et en tant qu’être humain.» C’est ce qu’écrit la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter dans un hommage, publié par le «SonntagsBlick» du jour. Un lien s’était créé entre ces deux seules femmes libérales-radicales jamais élues sous la Coupole, écrit-elle.
Karine Keller-Sutter rappelle également qu’Elisabeth Kopp était devenue la première présidente de commune en Suisse alémanique en 1974, la première femme membre du Département de l’instruction publique zurichois, puis conseillère nationale et première conseillère fédérale. Un poste pour lequel elle a «bossé», souligne-t-elle. Et elle n’était pas que bosseuse, mais également compétente, soigneuse, précise et toujours indépendante, écrit-elle. Une indépendance qu’on lui a souvent déniée, à tort, selon la cheffe du Département fédéral des finances.
La conseillère fédérale estime également qu’Elisabeth Kopp ne rentrait pas dans le schéma, élue à une époque où son mari avait encore le droit de lui interdire de participer à l’élection. La révision de la loi y relative fut ainsi l’une de ses principales victoires politiques – une révision pour laquelle elle s’était engagée avec véhémence déjà en 1983, alors qu’elle était encore au Conseil national. Et pour l’adoption de laquelle elle s’est ensuite battue au Conseil fédéral.
Madame «la Conseillère fédérale»
Karine Keller-Sutter remercie encore Elisabeth Kopp de s’être opposée à ce qu’on l’appelle Madame le Conseiller fédéral au lieu de Madame la Conseillère fédérale. Et elle raconte avoir pensé à cette première femme élue sous la Coupole lors de sa propre élection à ce poste, en 2018: «Ce fut un honneur particulier pour moi, de pouvoir prendre sa succession au Conseil fédéral et au Département fédéral de Justice et Police 30 ans plus tard.»
Pour conclure, elle souligne que ce ne sont pas que les seules politiciennes, mais tout le monde, qui peut remercier Elisabeth Kopp pour son engagement pour la société et ses services rendus au pays.
Les femmes ne sont pas encore arrivées à destination
Dans un papier d’opinion, Camilla Alabor, rédactrice au «SonntagsBlick», estime que, bien que, après Elisabeth Kopp, d’autres femmes aient été élues au Conseil fédéral, «nous ne sommes pas encore arrivées à destination».
Évoquant la non-élection de Christiane Brunner en 1993, puis la non-réélection de Ruth Metzler, elle rappelle que celle d’Eveline Widmer-Schlumpf fut le résultat d’un «coup» du Parti socialiste et des démocrates-chrétiens contre Christoph Blocher, alors conseiller fédéral.
Et si le phénomène des femmes au Conseil fédéral s’est quelque peu normalisé au cours des dernières années, avec Micheline Calmy-Rey, Doris Leuthard et Simonetta Sommaruga, toutes trois parties volontairement de leurs postes, la position des femmes politiques à ce niveau n’est toujours pas acquise. Pour preuve, écrit la journaliste, l’«excitation» autour de la succession de Simonetta Sommaruga, l’an dernier, avec la candidature non retenue de Daniel Jositsch. Pour rappel, il avait néanmoins reçu des voix principalement de membres de l’UDC et du PLR désapprouvant le ticket socialiste exclusivement féminin.