Pakistan: Nomination d’un dirigeant intérimaire avant des élections

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PakistanNomination d’un dirigeant intérimaire avant des élections

Anwaar-ul-Haq Kakara, un sénateur peu connu de la province la moins peuplée du Pakistan, sera Premier ministre par intérim pour mener le pays jusqu'aux prochaines élections.

Anwar-ul-Haq Kakara devra diriger le Pakistan jusqu’aux prochaines élections générales et provinciales prévues en novembre (image d’archives).

Anwar-ul-Haq Kakara devra diriger le Pakistan jusqu’aux prochaines élections générales et provinciales prévues en novembre (image d’archives).

AFP

«Nous avons d’abord convenu que quel que soit le Premier ministre, il devrait être issu d’une plus petite province, de manière à ce que les revendications des plus petites provinces soient traitées», a déclaré le chef de l’opposition pakistanaise, Raja Riaz Ahmad, à l’issue d’une réunion avec le Premier ministre sortant, Shehbaz Sharif.

Anwar-ul-Haq Kakara, sénateur peu connu du Balouchistan, devra diriger le Pakistan jusqu’aux prochaines élections générales et provinciales prévues en novembre. Dans un climat politique particulièrement tendu, certains responsables ont toutefois déjà déclaré qu’elles seraient reportées à l’année prochaine. Il a été choisi pour diriger le gouvernement intérimaire par la coalition de deux partis dynastiques habituellement en conflit, la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (PML-N) et le Parti du peuple pakistanais (PPP), qui se sont unis pour évincer M. Khan.

Imran Khan, qui a été écarté du pouvoir en avril 2022, a été condamné le week-end dernier pour corruption à trois ans de prison et emprisonné. Ces derniers mois, les autorités ont sévèrement réprimé le parti de M. Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI). Des heurts meurtriers avaient éclaté en mai entre ses partisans manifestant par milliers dans la rue et les forces de l’ordre. La quasi-totalité des dirigeants de son parti avaient été arrêtés ou contraints de se cacher.

Elections

Le Parlement a été officiellement dissous mercredi et des élections doivent être organisées dans les 90 jours, conformément à la Constitution. Mais depuis des mois, les spéculations sur leur retardement vont bon train, les autorités s’efforçant de stabiliser le pays confronté à une crise aussi bien sécuritaire, économique que politique.

Les données du dernier recensement effectué ont été publiées le week-end dernier, et le gouvernement a indiqué que la commission électorale avait besoin de temps pour redessiner les limites des circonscriptions électorales. La commission électorale n’a pas fait de commentaire direct. Interrogé à la télévision pour savoir si un vote aurait lieu cette année, le ministre de l’Intérieur, Rana Sanaullah, a répondu «non».

Le mois dernier, le parlement a adopté à la hâte une loi donnant au gouvernement intérimaire plus de pouvoir pour négocier avec des organismes internationaux tels que le Fonds monétaire international. Un indice supplémentaire laissant présager qu’il pourrait rester en place pendant un certain temps. Certains analystes pensent que ce report pourrait donner du temps aux principaux partenaires de la coalition pour affûter une stratégie contre le parti de M. Khan.

Retarder l’élection pourrait simplement irriter davantage le public et galvaniser une opposition qui a déjà souffert de mois de répression»

Michael Kugelman, directeur de l’Institut de l’Asie du Sud au Wilson Center.

Poids de l’armée

Après son éviction, M. Khan a passé des mois à galvaniser ses partisans en organisant une série de rassemblements de masse et de longues marches, dont une au cours de laquelle il a reçu une balle dans la jambe. «Une tentative d’assassinat» qu’il a imputée à ses opposants. Les Etats-Unis ont fait savoir mercredi qu’ils suivaient avec inquiétude la situation au Pakistan, craignant que des violences puissent éclater à l’approche des élections.

Au Pakistan, derrière toute élection se cache l’armée, qui a organisé au moins trois coups d’Etat réussis depuis que le pays a été forgé à partir de la partition de l’Inde en 1947. M. Khan a bénéficié d’un véritable soutien populaire lorsqu’il est arrivé au pouvoir en 2018, mais les analystes estiment que ce n’était qu’avec la bénédiction des puissants généraux du pays, avec lesquels il se serait brouillé dans les mois qui ont précédé son éviction.

Les attaques islamistes revendiquées par les talibans pakistanais du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP) se sont aussi multipliées au Pakistan depuis la prise de Kaboul par les talibans afghans en août 2021. Apparu au Pakistan en 2007, le TTP est distinct des talibans afghans mais partage une idéologie islamiste fondamentaliste avec ces derniers.

(AFP)

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