Guerre en Ukraine: «Nous avons besoin de jeunes, de moins de 40 ans et motivés»

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Guerre en Ukraine«Nous avons besoin de jeunes, de moins de 40 ans et motivés»

Après bientôt deux ans d’invasion russe, l’armée ukrainienne est en panne de nouvelles recrues. Ceux qui combattent depuis le début sont fatigués, l’adrénaline ayant fait place à l’usure.

Les soldats ukrainiens peinent à défendre après deux années éprouvantes, dans la chaleur des étés, la boue ou la neige des hivers et les bombardements constants sur les tranchées.

Les soldats ukrainiens peinent à défendre après deux années éprouvantes, dans la chaleur des étés, la boue ou la neige des hivers et les bombardements constants sur les tranchées.

REUTERS

Après 22 mois d’une guerre coûteuse en hommes, l’armée ukrainienne peine à trouver des nouvelles recrues pour aller au front, combattre des forces russes de nouveau à l’offensive. «Nos unités manquent de personnel. Nous avons besoin de jeunes, de moins de 40 ans, et motivés», s’inquiète le major Oleksandr Volkov, commandant d’un bataillon de la 24e brigade mécanisée.

«La société d’aujourd’hui a probablement été abusée par certains médias, affirmant que tout va bien pour l’armée ukrainienne, que nous battons l’ennemi et que la victoire aura lieu dans un avenir proche», regrette le major. «Mais la situation actuelle n’est pas si simple. L’ennemi est vraiment très fort, très puissant. Et nous faisons tout pour le retenir et le battre.»

L’armée russe grignote lentement du terrain

Après l’échec de la contre-offensive ukrainienne estivale dans le sud, qui s’est fracassée sur une solide défense russe, les troupes de Moscou ont repris l’initiative depuis l’automne et sont à l’attaque sur plusieurs secteurs, en particulier dans l’est.

Koupiansk, Bakhmout, Avdiïvka, Marinka…: disposant de plus de ressources humaines et de munitions, l’armée russe grignote lentement du terrain, en dépit d’importantes pertes en hommes et en matériel.

«Il faut que l’État réponde, qu’il remplace les gens qui combattent depuis deux ans déjà, moi y compris.»

Oleksandr Volkov, major

En face, les Ukrainiens peinent à défendre après deux années éprouvantes, dans la chaleur des étés, la boue ou la neige des hivers et les bombardements constants sur les tranchées. Certains, qui combattent depuis le début, le 24 février 2022, sont épuisés. Les tués et les blessés ont du mal à être remplacés, les volontaires se faisant plus rares.

«Avec le temps, ça s’est calmé»

Au début du conflit, «tout se passait dans l’adrénaline, dans une sorte d’exaltation, tout le monde s’est précipité pour se battre et il n’y a donc eu aucun problème» d’effectifs, avance le lieutenant Igor Prokopiak, commandant de compagnie.

Mais avec le temps, «ça s’est calmé. Les gens ont eu accès aux réseaux sociaux, ils ont vu le côté terrible de la guerre, cruel. Cette adrénaline initiale s’est dissipée, le cerveau s’est réveillé, la peur est apparue et, par conséquent, les gens ont commencé à craindre pour leur vie».

«Cette adrénaline initiale s’est dissipée, le cerveau s’est réveillé, la peur est apparue et, par conséquent, les gens ont commencé à craindre pour leur vie.»

Igor Proporiak, commandant de compagnie ukrainien

Oleksandr Volkov constate que les civils «n’ont pas vraiment envie de rejoindre les forces armées». Et la moyenne d’âge des soldats sur le front augmente. Le major cite son unité, qui compte 40% de 45 ans et plus. «J’ai vu beaucoup de jeunes dans la vie civile, je ne sais pas pourquoi ils ne sont pas mobilisés. Il faut que l’État réponde, qu’il remplace les gens qui combattent depuis deux ans déjà, moi y compris», insiste-t-il.

Calendrier et corruption

Le 1er décembre, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé au commandement militaire de revoir le système de recrutement. «Ce n’est pas simplement une question de nombre, de personnes qui peuvent être mobilisées. C’est une question de calendrier pour chaque personne qui est actuellement dans l’armée, pour la démobilisation, et pour ceux qui rejoindront» les unités, a-t-il dit.

Le système a aussi été gangréné par la corruption qui permettait aux conscrits d’échapper à l’armée. Le président Zelensky a dû limoger, l’été dernier, tous les responsables régionaux chargés du recrutement.

«Je comprends qu’il m’aurait fallu venir plus tôt»

Taras, lui, ne sait pas pourquoi il n’a pas été mobilisé plus tôt. Il vient d’arriver dans l’unité du major Volkov et suit l’entraînement avec d’autres recrues. «J’ai été arrêté dans la rue et j’ai reçu une invitation au bureau d’enregistrement militaire. Alors j’y suis allé», dit cet employé municipal de 38 ans de Transcarpathie, région occidentale à plus de 1000 km du front.

«Pour être honnête, plus je suis proche de la ligne de front, plus c’est intéressant, plus j’en comprends la nécessité. Chez nous, c’est vraiment très loin de tout ça, donc la vie y est très calme. Maintenant, je comprends qu’il m’aurait fallu venir plus tôt. Parce que l’Ukraine doit être défendue.»

(AFP)

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