SantéVendre les antibios à l’unité, la Suisse avance mais prend son temps
Diminuer le gaspillage et les risques d’antibiorésistance fait partie des objectifs de la mesure. Mais il faudra attendre avant une pratique nationale.
- par
- Yannick Weber
Dépôt de la proposition: 2017. Acceptation par le parlement: 2018. Tests à petite échelle: 2020. Et aujourd’hui, en 2022? Le Conseil fédéral, tout en étant favorable à la solution, déclare, mercredi, vouloir maintenant «examiner la possibilité d’introduire la remise d’antibiotiques à l’unité dans l’ensemble de la Suisse». Selon lui, il faut encore régler des questions en suspens, notamment les adaptations légales et des indemnisations pour les pharmaciens. Il faudra donc encore patienter.
Rappelons les buts principaux. La pratique est prévue dans le cadre de la Stratégie Antibiorésistance de la Suisse. «Des études montrent que près de la moitié des emballages ne coïncident pas avec la quantité recommandée aux patients. Les comprimés restants sont alors généralement conservés et parfois utilisés plus tard sans prescription», note le Conseil fédéral. Mauvais dosage au mauvais moment: le risque grandit de développer une résistance et que les médicaments soient moins efficaces par la suite.
Potentiel d’économie incertain
Et quand ils ne sont pas consommés plus tard, ils sont tout simplement jetés. Réduire le gaspillage était la priorité de l’ancien conseiller national Manuel Tornare (PS/GE), qui avait déposé la motion au parlement. Selon lui, la mesure permettrait de faire «de grosses sommes d’économie pour l’assurance maladie».
Or le Conseil fédéral n’en est pas absolument certain. Après les tests réalisés notamment au Tessin et à Neuchâtel dans quelques pharmacies, celles-ci ont estimé que la remise de médicaments à l’unité engendrait du travail supplémentaire et donc des coûts. En somme, ce qu’on économise sur le gaspillage, on le perd sur les coûts induits par les procédures et la charge de travail.