FootballLa «der’» de Raphaël Nuzzolo en mots et en images
L’attaquant aux 603 matches en Ligue nationale a mis fin à plus de 20 ans de carrière samedi lors du sauvetage de NE Xamax. «On se reverra», a-t-il promis.
- par
- Florian Vaney
Chez le docteur à Berne à 14 heures, sur le terrain de la Maladière à 20h30
«Comme je l’avais dit, sachant que pour moi il n’y a plus rien derrière, j’étais prêt à mettre ma santé en danger (ndlr: il s’était blessé le 12 mai contre le LS). Je m’étais déjà fait mal au match aller, à Rapperswil, sur la dernière action. Je ne l’avais pas dit à grand-monde, mais j’étais encore à Berne cet après-midi (ndlr: samedi) pour me faire piquer. Merci d’ailleurs à Young Boys de m’avoir trouvé un docteur à la dernière minute. Je ne voulais pas alarmer les gens, alors je l’ai gardé presque que pour moi. Mais je sentais que ça pouvait être grave. Je voulais à tout prix pouvoir encore jouer 10-15 minutes. C’était tellement important pour moi de ne pas finir sur le banc. Heureusement que le score était large quand je suis entré en jeu (ndlr: à la 75e, 3-0). J’ai deux occasions pour marquer… Dommage. Mais ce n’était vraiment pas le plus important. Maintenant, je peux aller fêter avec ma famille. Je l’aurais de toute façon fait, mais ça aurait été très, très compliqué de fêter la fin sur une relégation. Parce que ça aurait été grave pour le club.»
Une torche avec les ultras
«J’espère que je ne vais recevoir aucune lettre à la maison ces prochains jours (rires). Plus sérieusement, cette torche que les ultras m’ont confiée après le match, je l’ai vécu comme une grande marque de respect de leur part. Donner un fumigène à un joueur, c’est symbolique. Je leur ai écrit un message samedi matin. Ça a toujours été important de savoir ce que les fans pensaient de moi. J’ai toujours pris le rôle de celui qui pouvait aller leur parler après le match quand les choses n’allaient pas. Je crois que j’ai connu trois ou quatre générations de chef de la tribune. J’ai été heureux, vraiment, de pouvoir être un de leurs porte-drapeaux toutes ces années. Ils ont aussi fait de moi le joueur que j’ai été, avec la confiance qu’ils m’ont donnée dès mes débuts. Ils m’ont poussé à me surpasser pour Neuchâtel Xamax. Parce qu’à mes yeux, ça voulait dire quelque chose.»
Faire la fête, malgré l’horreur de la saison
«Il faut fêter cette victoire. La saison a été si longue… On est tous conscients de l’exercice catastrophique qu’on a joué, mais à la fin je crois qu’on a obtenu le droit de faire la fête. Notamment pour le caractère qu’on a montré dans ce barrage. Je félicite toute l’équipe. Elle a très bien géré la pression: avant le premier duel, entre les deux matches, au retour devant notre public. On minimise trop facilement la valeur d’un barrage. Sur les deux matches, il n’y a pas photo. La différence entre l’une des bonnes équipes de Promotion League et le moins bon de Challenge League m’a surprise. Vraiment. Rapperswil a eu le mérite de nous faire ramer toute la première mi-temps à la Maladière, parce qu’on ne nous a pas offert les buts faciles du match aller. On sait aussi qu’on parle d’une équipe semi-pro, avec des joueurs qui travaillent à côté. C’était notre devoir de montrer notre supériorité.»
Le passage de témoin
«Dès le début de ma carrière, j’ai vécu des épisodes de barrages. Ce sont des matches qui restent. Je me souviens de tous ceux que j’ai disputés. C’est bien pour les jeunes du club. Apprendre dans la difficulté, ça a une valeur folle. Je ne leur dis pas de passer autant d’années que moi à Neuchâtel, mais j’espère que certains prendront le relais, ne rêveront pas trop vite d’ailleurs et de Ligue des champions. C’est capital pour le club, le public, la région de pouvoir compter sur au moins une ou deux figures locales.»
Entretenir la flamme rouge et noire
«Pour la première fois depuis 20 ans, le dernier de Challenge League n’est pas tombé. Il faut se rendre compte de la chance qui s’est présentée à nous. Pour Xamax, pour le public neuchâtelois, je ne vais pas dire qu’il faut faire mieux. Non, il faut que le club puisse jouer la promotion. On l’a vu ce soir: plus de 6000 spectateurs pour un barrage contre une équipe de Promotion League quand le club que tu viens voir n’a gagné que quatre fois de toute l’année. Peu d’équipes en Suisse peuvent se réjouir d’une situation pareille. Il faut entretenir ce qui existe, ne pas jouer avec ces gens-là.»
«On se reverra!»
«Ce qui m’attire le plus pour la suite? Cette année, j’ai pu acquérir de l’expérience en tant qu’entraîneur des attaquants de l’Académie. C’était précieux (ndlr: il possède le diplôme B). Mais toute ma vie, je me suis retrouvé sur un terrain en training à 10 heures tapantes. Alors dans un premier temps, j’aimerais bien m’orienter davantage vers le management d’un club. Dans quel rôle, à quel endroit: ça reste à définir. Même si tu as réalisé une grande et belle carrière, c’est difficile de savoir où tu veux aller. Dans tous les cas: on se reverra!»