TurquieRecep Tayyip Erdogan évoque la tenue d’élections générales le 14 mai
D’abord prévues le 18 juin, les élections présidentielle et législatives turques pourraient être avancées d’un mois. Erdogan choisirait une date historique et l’opposition doit encore trouver son candidat.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a laissé entendre, mercredi, qu’il souhaitait organiser des élections présidentielle et législatives en Turquie le 14 mai, un mois plus tôt que prévu. Sans annoncer clairement le jour de ce scrutin très attendu, le chef de l’État a évoqué sa tenue «73 ans» jour pour jour après le triomphe électoral du Parti démocrate (conservateur), en 1950, lors des premières élections libres de la Turquie contemporaine.
Les élections étaient initialement prévues le 18 juin prochain, mais de nombreux observateurs s’attendaient à un scrutin anticipé. Plusieurs raisons étaient invoquées par des éditorialistes turcs pour ce choix, dont l’économie en berne, mais aussi les dates des vacances scolaires et de l’examen d’entrée à l’université, prévus en juin.
Le 14 mai 1950 marque la victoire d’Adnan Menderes, figure emblématique pour la droite conservatrice turque, qui a mis fin au règne du parti de Mustafa Kemal «Atatürk», père de la Turquie moderne. Recep Tayyip Erdogan, lui-même destitué et brièvement emprisonné quand il était maire d’Istanbul, dans les années 1990, s’est souvent comparé à lui. Le choix de la date du 14 mai pour les élections générales envoie ainsi un signal à la frange conservatrice de l’électorat.
Popularité et inflation en baisse
L’opposition a annoncé son intention de revenir à un régime parlementaire en cas de victoire. La Table des six est une alliance électorale des six partis d’opposition dont le principal, le CHP (Parti républicain du peuple, social-démocrate), a été créé par Mustafa Kemal. Seul le HDP (gauche démocratique, pro-Kurde), troisième force parlementaire, n’a pas rejoint cette alliance.
À l’approche des élections, la popularité du président turc est entamée par la crise économique et l’inflation, qui a dépassé 85% l’année dernière, avant de revenir à plus de 60 pour cent. Mais l’alliance de l’opposition n’a toujours pas annoncé son candidat commun malgré un an de consultations internes.
Qui en face d’Erdogan?
Le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, 52 ans, est considéré comme un candidat sérieux pour l’opposition, après avoir ravi la plus riche et la principale ville de Turquie au parti d’Erdogan, en mai 2019. Mais sa condamnation récente à plus de deux ans de prison et la suspension des activités politiques ont réduit ses chances, estiment de nombreux observateurs. Il a fait appel après avoir été condamné pour «insulte» envers les membres du collège électoral, qui avaient initialement invalidé sa victoire, ensuite confirmée par un nouveau scrutin.
Kemal Kilicdaroglu, 74 ans, patron du CHP, est désormais vu comme le probable candidat commun de l’opposition. Mais il est encore loin de convaincre ses partenaires dans l’alliance qu’il sera le candidat idéal pour vaincre le président.
«La Table des six n’a plus d’autre choix que de désigner le plus tôt possible son candidat commun et d’être derrière celui-ci, avec l’ensemble de leur organisation et de leur capacité de leadership», a estimé le journaliste et chroniqueur Kadri Gursel sur Twitter.
«Les sondages montrent l’opposition en tête, mais Erdogan semble avoir retrouvé un élan» – en particulier depuis le début de la guerre russe en Ukraine, pour laquelle il entend jouer les médiateurs – écrit de son côté Timothy Ash, économiste des marchés émergents. «Je n’écarterai jamais la possibilité d’une victoire d’Erdogan lors d’une élection.»