Le Chili face au choix d’une société libérale ou plus solidaire 

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Vote sur la constitutionLe Chili face au choix d’une société libérale ou plus solidaire

Les électeurs chiliens se prononcent dimanche sur une nouvelle constitution, qui pourrait être rejetée selon les sondages.

Des partisans du camp «J’approuve», jeudi 1er septembre à Santiago.

Des partisans du camp «J’approuve», jeudi 1er septembre à Santiago. 

REUTERS

Le Chili retourne aux urnes dimanche pour se prononcer sur une nouvelle constitution, entre maintien d’une société libérale ou aller vers un État plus interventionniste. Si les sondages prédisent un rejet, l’incertitude demeure sur l’issue de ce vote obligatoire pour 15 millions d’inscrits.

La proposition vise à remplacer l’actuelle Constitution rédigée sous la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990) qui, malgré plusieurs réformes successives, est toujours considérée comme un frein à toute réforme sociale de fond. L’éducation, la santé et les retraites étant notamment aux mains du secteur privé. 

Fin de campagne

Pour la clôture de la campagne pour le référendum, des milliers de manifestants ont marché sous le slogan «j’approuve» – 500'000, selon les organisateurs –, le long de l’avenue Alameda à Santiago. Les partisans du rejet, ont eux, organisé un rassemblement plus discret d’environ 500 personnes sur la colline de San Cristobal qui surplombe la capitale. 

Troisième vote en deux ans

La rédaction d’une nouvelle Loi fondamentale avait constitué une porte de sortie politique aux violentes manifestations de 2019 pour réclamer plus de justice sociale. C’est la troisième fois en deux ans que les Chiliens sont appelés à se prononcer sur ce processus constituant, après un premier référendum en octobre 2000 (adopté à 79%), et l’élection en mai 2021 d’une Assemblée de 154 membres, à parité hommes-femmes, chargés de la rédaction de la nouvelle constitution. 

Avortement, environnement… 

Les changements proposés vont d’une plus grande autonomie pour les peuples indigènes (12,8% de la population) à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) inscrite dans le marbre, en passant par des mesures de protection de l’environnement ou la suppression du Sénat.

Les défenseurs du nouveau texte estiment qu’il va changer profondément un pays autrefois conservateur, aux fractures sociales marquées le long des lignes ethniques et économiques, et jeter les bases d’un Chili plus égalitaire. 

«Grand pas vers le changement»

Anadriel Hernandez, 18 ans, dit être conscient que les changements ne se produiront pas «du jour au lendemain mais on commence toujours par quelque chose et je crois que la nouvelle Constitution est un grand pas vers le changement dans la façon dont le pays est gouverné.»

Craintes d'instabilité

«Les réformes sociales sont nécessaires, mais nous ne voulons pas changer les règles d’un pays qui se porte bien», estime Patricio Gutiérrez, ingénieur de 40 ans salarié dans le secteur minier, craignant, comme les détracteurs du texte, qu’il n’entraîne le pays dans une spirale d’instabilité et d’incertitude qui viendrait gripper la machine économique. Je vote «non» principalement parce que l’idée de créer (la nouvelle Constitution) est née à un moment de grande crise dans notre pays; ce n’était pas une décision prise objectivement», juge Luz Galarce, 53 ans, éducatrice petite enfance. 

Rejet probable, mais… 

Tous les sondages, sans exception, prédisent que le «rejet» l’emportera, les jeux ne sont cependant pas faits avec l’incertitude autour du vote obligatoire. «Le plus probable est que le rejet l’emporte et la différence dans ce résultat dépend du nombre de personnes qui votent et de qui vote», estime auprès de l’AFP le politologue Marcelo Mella. «Le scénario est largement ouvert, les données confirment qu’il y aura un grand nombre de votants», lui répond sa consœur Claudia Heiss. 

Soutiens à l'étranger

Une quarantaine d’économistes et de politologues de renom du monde entier ont publié mi-août une tribune de soutien, estimant que «la nouvelle Constitution crée une structure juridique qui parviendra à préparer le Chili à un nouveau siècle de croissance équitable, avec des perspectives pour attirer les investissements, protéger la stabilité financière et promouvoir le développement pour tous les Chiliens.»

«Il y a beaucoup de questions qui sont compliquées à comprendre», concède Griselda Peña, une guichetière de banque de 46 ans, «mais quelle que soit l’option qui sortira, j’espère que les rues se calmeront et que nous ramerons tous pour le bien du Chili.»

Frère du président agressé

Des manifestations ont rythmé la campagne officielle polluée par la désinformation et de nombreux discours de haine sur les réseaux sociaux. Jeudi, le journaliste Simon Boric, frère cadet du président chilien, a été agressé par un groupe de manifestants dans le centre de Santiago.

Si le oui l’emporte, le parlement devra, par la loi, répondre au cadre fixé par la nouvelle constitution. Si la proposition est rejetée, l’actuelle constitution continuera à s’appliquer.

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(AFP)

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