Guerre en UkraineLe oui à l’Otan gagne du terrain en Finlande
D’ici à l’été, la Finlande devrait faire acte de candidature auprès de l’alliance transatlantique. L’invasion de l’Ukraine par la Russie semble y avoir fait pencher les opinions du côté de l’adhésion.
Le Parlement finlandais commence, ce mercredi, à débattre d’une adhésion à l’Otan pour mieux se protéger contre une éventuelle agression russe, avec une candidature désormais «très probable». Malgré les derniers avertissements de Moscou sur des renforts nucléaires dans la région baltique si la Finlande ou la Suède rejoignent l’alliance militaire menée par les États-Unis, Helsinki entend prendre une décision rapidement.
«Je pense que ça interviendra assez vite. D’ici quelques semaines», avait affirmé, la semaine dernière, la jeune dirigeante sociale-démocrate du pays nordique, Sanna Marin.
Longtemps partagés sur la question jusqu’à l’invasion de l’Ukraine lancée par la Russie, le 24 février, les 200 membres de l’Eduskunta, le Parlement du pays à peine centenaire, se dirigent vers une nette majorité en faveur de l’adhésion lors d’un probable vote d’ici l’été. Selon les pointages effectués par les médias finlandais, une centaine d’entre eux ont déjà décidé de voter pour une adhésion, quand seulement douze sont contre. Les autres attendent les débats pour afficher leur position.
Dissuasion «plus grande»
Sans exprimer de recommandation formelle, un nouveau «livre blanc», remis la semaine dernière par le gouvernement aux parlementaires, a souligné que seule une adhésion à l’Otan permettait de bénéficier du parapluie de son célèbre article 5 de défense collective. Même si elle a rompu avec sa neutralité stricte à la fin de la guerre froide et lors de son adhésion à l’Union européenne, en 1995, la Finlande n’est aujourd’hui que partenaire de l’Otan.
Pour le pays nordique, qui compte une frontière de 1300 kilomètres avec la Russie, rejoindre les 30 membres de l’alliance apporterait une dissuasion «considérablement plus grande» contre une attaque de sa puissante voisine, selon le livre blanc. Il est «très probable» que la Finlande soit candidate, a reconnu, vendredi, la ministre finlandaise des Affaires européennes, Tytti Tuppurainen.
Les sondages suggèrent que près des deux tiers des 5,5 millions de Finlandais sont désormais en faveur d’une adhésion, soit près du triple du niveau où il végétait avant la guerre en Ukraine. «J’étais hostile à l’adhésion à l’Otan, mais en raison de cette situation, j’y suis maintenant plus favorable», expliquait, mercredi matin, Sofia Lindblom, 24 ans, en promenant son chien dans le centre d’Helsinki. «L’adhésion offrirait une certaine forme de sécurité.»
Sommet fin juin, à Madrid
La décision finlandaise est suivie avec grande attention en Suède, qui envisage aussi de rejoindre l’alliance, mais semble faire dépendre sa décision du choix d’Helsinki. De nombreux analystes anticipent une candidature de la Finlande, et peut-être de la Suède, suffisamment rapidement pour le sommet de l’Otan, fin juin, à Madrid. L’unanimité des membres est de rigueur. Si un point d’interrogation demeure sur le choix de la Hongrie de Viktor Orban, à la ligne plus favorable à la Russie que les autres Européens, le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a estimé qu’il n’y aurait pas d’obstacle.
Helsinki s’attend à ce que de quatre mois à un an soient nécessaires pour entériner les procédures d’adhésion – une période sensible durant laquelle des garanties d’assistance militaire devraient être formulées en sa faveur. En cas d’adhésion de la Finlande, les frontières terrestres entre les pays de l’Otan et la Russie doubleraient d’un coup, atteignant près de 2600 kilomètres.