Golfe PersiqueLes Koweïtiens aux urnes pour la septième fois en un peu plus de dix ans
Les Koweïtiens élisent mardi leur Parlement, lors du septième scrutin législatif depuis 2012 dans ce riche État pétrolier du Golfe miné par des crises politiques à répétition.
Plus de 793’000 Koweïtiens sont appelés aux urnes mardi pour choisir 50 nouveaux députés, après l’invalidation des élections de septembre 2022. Quelque 207 personnes, parmi lesquelles 13 femmes, sont en lice: en 20 ans, jamais une élection législative n’a réuni aussi peu de candidats.
Les bureaux de vote ouvriront à 08 h 00 locales (07 h 00 en Suisse) et fermeront douze heures plus tard. Les résultats seront annoncés mercredi, selon l’agence de presse officielle KUNA. Craignant une forte abstention, les autorités ont placardé de grandes banderoles dans les rues de la capitale pour appeler les citoyens à voter en masse.
Malgré le climat de lassitude générale, la militante des droits humains Hadeel Buqrais affirme qu’elle se rendra aux urnes. «Boycotter reviendrait à renoncer à mes droits (…) je dois participer, même si je ne m’attends pas à ce que le nouveau Parlement s’attaque aux dossiers» liés aux droits humains, a-t-elle déclaré à l’AFP.
Même si les clés du pouvoir restent essentiellement aux mains de la famille régnante Al Sabah, le Koweït connaît une vie politique active et est doté d’un influent Parlement, contrairement aux autres monarchies de la région.
Les élus y disposent ainsi d’importantes prérogatives, n’hésitent pas à demander des comptes à des ministres faisant partie de la famille royale et qui sont accusés de mauvaise gestion, voire de corruption. Mais ce bras de fer permanent entre l’exécutif et les parlementaires a abouti à une valse de gouvernements et la dissolution de l’Assemblée à de nombreuses reprises ces dix dernières années.
«Protéger la démocratie»
En mars, la Cour constitutionnelle a invalidé les élections législatives de 2022, se prononçant en faveur du rétablissement du précédent Parlement, issu du scrutin de 2020. Ces deux législatives avaient été remportées par l’opposition, notamment islamiste, qui avait boycotté les élections dix ans durant, jusqu’en 2022, pour dénoncer l’ingérence du pouvoir exécutif dans le processus électoral.
Début avril, la petite monarchie a formé son septième gouvernement en trois ans. Mais, quelques jours plus tard, l’émir du Koweït a dissous le Parlement et a convoqué de nouvelles législatives. L’émir Nawaf al-Ahmad Al-Sabah, âgé de 85 ans, reste habituellement en retrait de la vie politique au profit du prince héritier, Mechaal al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, lui-même âgé de 82 ans.
«Le Koweït ne va pas bien»
Les 4,5 millions d’habitants de ce petit pays se plaignent régulièrement de la détérioration des infrastructures et des services publics dans le pays. «Le Koweït ne va pas bien», affirme Bader Al-Saif, professeur à l’université de Koweït, pour qui les élections «ne sont pas la seule solution». «Le système politique a urgemment besoin d’innovation», dit-il, dénonçant «l’absence de leadership dans la classe politique koweïtienne, dont les acteurs varient peu, que ce soit au sein du gouvernement ou du Parlement».
Pour Ibrahim Shehab, un électeur, le vote reste «un droit et un devoir» qu’il accomplira mardi. «J’espère que tous les Koweïtiens en mesure d’exercer ce droit le feront pour protéger la démocratie», déclare-t-il.
Le pays, dont près de 30% du PIB dépend du secteur des hydrocarbures, détient près de 7% des réserves mondiales de pétrole brut et est l’un des principaux exportateurs de pétrole au monde. Mais l’instabilité politique a refroidi l’appétit des investisseurs pour le Koweït et entravé les réformes dont ce pays à l’économie peu diversifiée a besoin. Une situation qui tranche avec celle de ses puissants voisins du Golfe, qui multiplient les projets pharaoniques.