Afghanistan - L’Université de Kaboul rouvre, mais ses bancs sont vides

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AfghanistanL’Université de Kaboul rouvre, mais ses bancs sont vides

Les cours universitaires ont repris samedi dans la capitale, mais de nombreuses étudiantes et enseignants manquent à l’appel.

Joëlle Mermoud
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Joëlle Mermoud
Ces jeunes femmes ont repris le chemin des cours, samedi à Kaboul.

Ces jeunes femmes ont repris le chemin des cours, samedi à Kaboul.

AFP

La plus grande université d’Afghanistan a rouvert samedi à Kaboul, six mois après la prise du pouvoir par les talibans. Mais très peu d’étudiantes ont assisté aux cours, séparées des élèves masculins. Les universités publiques de six provinces avaient déjà rouvert le 2 février. Toutes les autres ont repris samedi, comme celle de Kaboul.

Dans la capitale, des gardes talibans ont refusé aux journalistes l’accès au campus tentaculaire et chassé ceux qui s’attardaient près des entrées. «Je suis heureuse que l’université ait repris (…), nous voulons continuer nos études», confie une étudiante en anglais, qui a demandé à être identifiée sous le nom de Basira. Elle a toutefois évoqué «quelques difficultés», notamment parce que des étudiants ont été admonestés par les talibans pour avoir apporté leur téléphone portable en cours.

Des enseignants absents

Les universités publiques, comme les collèges et lycées pour les filles, avaient été fermées dès l’arrivée au pouvoir des talibans, laissant craindre une volonté de priver les femmes de toute éducation. Toutefois, le nouveau gouvernement avait rapidement assuré vouloir permettre aux femmes d’étudier à l’université, mais sous de strictes conditions.

Selon Maryam, une autre étudiante en anglais de l’Université de Kaboul, seules sept camarades de son cours étaient présentes samedi matin. «Avant, nous étions 56 élèves, garçons et filles», ensemble en cours, a-t-elle précisé. De nombreux professeurs manquaient également à l’appel, «peut-être parce que certains ont quitté le pays», a-t-elle ajouté. Dans le reste du territoire, le constat a été le même, avec très peu d’étudiants de retour.

Abaya à la place du jean

Parfois même aucun, comme à l’Université de la vallée du Panchir (nord), bastion historique de la résistance contre les talibans et dernière région à être tombée sous le contrôle total des islamistes, fin septembre. «Je ne sais pas s’ils viendront demain, ou après-demain, ou pas», s’interrogeait Noor-ur-Rehman Afzali, professeur dans cet établissement.

Des dizaines de milliers d’Afghans ont fui le pays à l’arrivée des talibans, parmi lesquels des professeurs et enseignants, très critiques vis-à-vis du groupe islamiste radical. Aucun pays n’a encore reconnu le nouveau régime, qui a imposé plusieurs restrictions aux femmes. Haseenat, étudiante en littérature dari à Kaboul, constate le changement radical de la vie sur le campus pour les femmes: «On nous dit de ne pas sortir de nos cours (…) Il n’y a plus de cafétéria, et nous n’avons pas le droit d’aller dans la cour de l’université», déplore-t-elle.

Même remarque à Bamyan (centre), où il avait été annoncé que les étudiantes devaient porter une abaya noire sur le corps et un hijab sur la tête, les talibans renonçant cette fois à imposer la burqa. «Je n’ai jamais porté de hijab auparavant (…), c’est nouveau pour moi», explique Sohaila Rostami, étudiante en biologie à Bamyan. «J’avais l’habitude de porter des jeans et d’autres vêtements normaux. Il sera difficile pour moi de m’habituer» à l’abaya et au hijab, ajoute-t-elle.

(AFP)

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