Ski alpin – Avec son No 4, Marco Odermatt a «tué la mort»

Dans les régions de l’Asie de l’Est et notamment en Chine, il n’est pas question de se revoir «un de ces quatre», ni de «se plier en quatre» encore moins manger comme «quatre». De la même manière que vous ne verrez jamais quatre Pékinois descendre des escaliers «quatre par quatre». Question de superstition, ce chiffre fait peur et porte-malheur. Cela s’appelle la tétraphobie.

Il n’y a, par exemple, pas de quatrième étage dans notre hôtel. Du moins pas officiellement. Dans l’ascenseur, il faut appuyer sur le cinq pour être en fait juste en dessus du troisième. Vous suivez? Il n’y a pas non plus de numéro de chambre se terminant par quatre. C’est également le cas dans les complexes résidentiels ou les hôpitaux: pour votre sécurité, on ajoute un A après le trois pour éviter de le prononcer, car c’est la prononciation qui pose problème. Quatre signifie mourir et quatorze» va probablement mourir» alors que le vingt-quatre est «facile de mourir.»

Tous ces chiffres sont aussi mal vus en Chine que les nombres 6 et 89 car le 6.4.89 est la date du massacre de la place Tian’anmen. Mais que faisaient les Chinois le 4 du 4 2004 à 14 h 14? Il n’y avait pas un chat dans les rues. C’était mort.

Autant dire qu’à Yanqing, les skieurs alpins chinois qui ont eu le malheur d’hériter de ce numéro, comme Mingfu Xu dans le slalom ce mercredi, savaient qu’ils risquaient gros. D’ailleurs, il n’est pas allé très loin. Avec son… 84, il a d’ailleurs été éliminé à la… quatrième porte. Cela ne s’invente pas. Ils auraient préféré le chiffre 88 qui signifie «prospérer» ou devenir riche. Surtout si l’athlète a des petites mains et des oreilles de Dumbo, comme Bouddha, il sera plus intelligent que les autres et ne craindra pas la crise. C’est aussi une croyance. En Chine, l’argent est important, raison pour laquelle personne ne secoue ses jambes non plus, cela voudrait dire que la personne est instable donc incapable de gérer sa fortune. Il suffirait en plus qu’il s’allonge après manger, il pourrait se transformer en serpent.

Que de superstitions qui n’ont pas perturbé les Européens ou les Américains. Ou si peu. Car que ce soit Marco Odermatt champion olympique du géant, Clément Noël en or au slalom et Michelle Gisin en bronze en super-G, le 4 leur a vraiment porté chance. Comme ils disent dans les banlieues, ça tue la mort!