Football: Les qualités de Servette ne sont pas surfaites

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FootballLes qualités de Servette ne sont pas surfaites

Face au Sheriff Tiraspol, le scenario pour le 2-1 a certes été renversant. Mais cela raconte seulement que les Grenat ont de quoi être dangereux à tout moment.

Valentin Schnorhk
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Valentin Schnorhk
Chris Bedia a inscrit le 2-1 servettien sur penalty. La victoire a mis du temps à venir, mais elle était amplement méritée.

Chris Bedia a inscrit le 2-1 servettien sur penalty. La victoire a mis du temps à venir, mais elle était amplement méritée.

Urs Lindt/freshfocus

Oh, bien sûr, Servette a dû attendre la fin de match pour renverser le Sheriff Tiraspol et l'emporter 2-1 jeudi, avec ces buts de Steve Rouiller et Chris Bedia (sur penalty) pour effacer le but contre-son-camp de Yoan Séverin.

Victoire à l’arraché? Peut-être. Victoire largement méritée, surtout. Il y a un printemps européen qui se dessine pour les Grenat. Ils ont bien fait de croire à leur succès jusqu'au bout.


Les trois enseignements

  • Il faut y voir un moment d'histoire. Servette n'avait jamais gagné de match d'Europa League avant jeudi. Trois petits points, peut-être, mais ce sont eux qui permettent de grandir et de se dire que les Grenat ont possiblement fait le plus dur quant à leur avenir européen. Terminer troisième et être reversé en Conference League est plus que possible.

  • Ce succès n'a rien d'illogique: les Genevois ont largement dominé leur sujet jeudi, en laissant le Sheriff Tiraspol défendre dans ses vingt mètres la plupart du temps. Sur le match aller-retour, le constat est clair: Servette est la troisième meilleure équipe de ce groupe.

  • Le scenario de la rencontre a quelque chose de renversant. Mais il ne faut pas s'y tromper: le SFC vit sur un petit nuage en ce moment et les qualités qu'on lui prêtait ne sont pas surfaites. Les choses tournent bien à la Praille, mais surtout parce que les Servettiens les provoquent.


Le meilleur Servettien: Steve Rouiller

BASTIEN GALLAY / GALLAYPHOTO

Il y a là un homme qui transpire la confiance. Un homme nouveau, depuis le début de saison. Et Steve Rouiller a sans doute vécu le genre de match qui lui correspond, qui met en valeur ses qualités d'anticipation, de défense en avançant, ainsi que sa première passe.

Rouiller a ainsi souvent permis à Servette de ne pas concéder de situation en intervenant très tôt dans les transitions du Sheriff. Surtout, le Valaisan a marqué à nouveau, parce qu'il a forcé son destin en allant traîner dans la surface après avoir lancé l'action de l'égalisation. Pas un hasard.


Le moins bon Servettien: Gaël Ondoua

freshfocus

C'est un match qui, de fait, a donné beaucoup de responsabilités avec le ballon à Gaël Ondoua. Il a souvent eu la balle, mais a rarement été mis sous pression. Et cela l'a contraint à faire des choix. Mais le Camerounais a peiné à en faire, à donner des impulsions, à accélérer le mouvement du ballon.

Là où Cognat, à côté de lui, a mis pas mal d'activité, il devait jouer ce rôle de régulateur mais également orienter le jeu. Dans ce domaine, il n'excelle pas. Et puis, lorsqu'il a dû filtrer, il a été à la peine. Cela pose des questions quant à l'absence pour plusieurs semaines de David Douline.


La décla'

«Je suis très satisfait de la manière dont nous avons attaqué»

René Weiler, entraîneur de Servette

Le fait tactique: le manque de compacité

Le manque de compacité servettien, notamment causé par les difficultés au pressing en partie de Kutesa, s'est vu sur le 0-1 du Sheriff Tiraspol.

Le manque de compacité servettien, notamment causé par les difficultés au pressing en partie de Kutesa, s'est vu sur le 0-1 du Sheriff Tiraspol.

BASTIEN GALLAY / GALLAYPHOTO

Jeudi, à la Praille, le Sheriff Tiraspol n'est pas venu avec de grandes ambitions dans le jeu. Il a essentiellement basé son approche sur la valorisation des transitions offensives, avec une projection rapide à la récupération. Mais il avait aussi préparé une autre arme, presque plus dangereuse: l'attraction du pressing servettien.

On sait pourtant que René Weiler en fait un de ses principes de jeu importants. Sauf que, depuis le début de saison, c'est une phase qui n'est pas encore parfaitement maîtrisée par les Grenat. Elle l'est encore moins quand Dereck Kutesa est utilisé en attaque, d'autant plus avec Bedia. Cela s'est vu jeudi.

Le Sheriff avait préparé son coup. En créant une supériorité numérique dans le coeur du jeu, autour d'Ondoua, et dans le dos de Cognat. Pendant que les ailiers Bolla et Stevanovic devaient surtout réagir aux passes vers les latéraux moldaves. Aussi, en plaçant ses propres milieux de couloirs très haut et très large, le Sheriff créait suffisamment d'espace dans le bloc servettien.

Ainsi, ce dernier a largement manqué de compacité. Et le Sheriff est à plusieurs reprises parvenu à repartir: en trouvant une solution plein axe, en allongeant pour jouer le deuxième ballon, en combinant à partir des côtés. Bref, il y avait de la place pour repartir et des espaces à exploiter plus haut.

C'est ainsi que Servette a encaissé le 0-1: une première passe dans l'axe pour attirer le pressing, puis une longue diagonale dans le dos de Mazikou. Le reste, c'est de la malchance, avec le but contre-son-camp de Séverin. Mais il faut la provoquer.

Cela pose question sur l'approche défensive servettienne. Le pressing ne devrait-il pas être mieux organisé? Ou, à défaut, ne faudrait-il pas trouver une solution alternative, afin, au moins, de fermer l'axe? Contre Lucerne, il y a dix jours, Servette défendait en 4-1-4-1 face au losange lucernois. Et ce n'était pas si mal.


La statistique

34, comme le nombre de centres effectués par Servette jeudi. Seulement 6 ont donné lieu à une frappe.

Sans doute que ce n'était pas la meilleure filière à exploiter face à ces costauds défenseurs moldaves. Cela dit aussi encore la progression que les Grenat doivent mener face à des blocs bas. D'autant que cela pourrait se répéter au fil de la saison.


Une question pour penser l'avenir

BASTIEN GALLAY / GALLAYPHOTO

Contre le Sheriff Tiraspol, René Weiler a aligné un onze-type. Fera-t-il tourner contre Bâle dimanche?

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