Droit à l’avortement aux États-Unis: «Journée mémorable» ou «attaque contre une liberté fondamentale»

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Droit à l’avortement aux États-Unis«Journée mémorable» ou «attaque contre une liberté fondamentale»

La droite conservatrice américaine a chaleureusement salué, vendredi, l’arrêt qui «jette aux oubliettes de l’histoire» le droit à l’avortement. La gauche, elle, a promis de continuer à se «battre» pour le défendre.

Une partisane du droit à l’avortement ne peut cacher sa tristesse à l’annonce de la décision de la Cour suprême.

Une partisane du droit à l’avortement ne peut cacher sa tristesse à l’annonce de la décision de la Cour suprême.

AFP

La très conservatrice Cour suprême des États-Unis, profondément remaniée par Donald Trump, a enterré, vendredi, un arrêt qui, depuis près d’un demi-siècle, garantissait le droit des Américaines à avorter. Cette décision ne rend pas les interruptions de grossesse illégales, mais chaque État aura désormais le choix de les interdire ou non.

«En renvoyant la question de l’avortement aux États et au peuple, la Cour suprême a réparé une erreur historique», s’est félicité, sur Twitter, l’ancien vice-président Mike Pence, qui fut le bras droit de Donald Trump à la Maison-Blanche. Maintenant que le célèbre arrêt qui garantissait ce droit, depuis près de 50 ans, au niveau fédéral a été «jeté aux oubliettes de l’histoire, une nouvelle arène s’ouvre», a ajouté ce républicain, fervent chrétien évangélique, qui évoque «une seconde chance pour la vie» et exhorte chaque État du pays à interdire les interruptions volontaires de grossesse (IVG).

La Pro-Life Campaign a aussi évoqué «une journée mémorable pour les droits humains». Même si cette décision était attendue depuis mai et une fuite inédite dans la presse, les camps  «pro» et  «anti» se sont immédiatement mobilisés, à l’image des fractures souvent irréconciliables qui traversent les États-Unis.

«Aujourd’hui, nous pleurons. Demain, nous nous battrons»

«Aujourd’hui, la Cour suprême a non seulement renversé près de 50 ans de précédent historique, elle laisse également au bon vouloir des politiciens et idéologues la décision la plus personnelle qui soit», a déclaré l’ancien président démocrate Barack Obama sur Twitter, accusant la haute juridiction d’avoir «attaqué les libertés fondamentales de millions d’Américaines». «Aujourd’hui, nous pleurons. Demain, nous nous battrons», a renchéri la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.

De son côté, la principale organisation de planning familial américaine a promis de continuer à «se battre» pour rétablir ce droit, et de le préserver autant que possible au niveau local. «Vous ressentez sans doute beaucoup d’émotions – de la douleur, de la colère, de la confusion. C’est normal, nous sommes avec vous et nous n’arrêterons jamais de nous battre pour vous», a tweeté Planned Parenthood.

Même message de l’organisation de défense des droits humains Amnesty international, qui appelle à «agir» pour «protéger le droit à l’avortement aux États-Unis». «Vous n’êtes pas libre si vous ne pouvez pas décider de votre propre avenir. L’avortement est un droit humain», a-t-elle martelé.

«Grand retour en arrière»

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a jugé vendredi «horrible» l’arrêt de la Cour suprême de son voisin américain, qui a enterré le droit à l’avortement aux Etats-Unis dans une volte-face historique. «Les nouvelles en provenance des Etats-Unis sont horribles. Je suis de tout coeur avec les millions d’Américaines qui vont perdre leur droit légal à l’avortement», a tweeté le dirigeant canadien, en ajoutant «qu’aucun gouvernement, aucun politicien, ni aucun homme ne (devrait) dicter à une femme ce qu'elle peut faire ou ne pas faire avec son corps».

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a lui aussi déploré le «grand retour en arrière» que représente selon lui la décision de la Cour suprême américaine de revenir sur le droit à l’avortement. Cette décision a un «impact majeur sur ce que pensent les gens», «je crois que c’est un grand retour en arrière», a déclaré le chef du gouvernement britannique au sommet du Commonwealth à Kigali au Rwanda, «j’ai toujours cru au droit des femmes de choisir».

Quant au président français Emmanuel Macron, il a regretté vendredi la «remise en cause» par la Cour suprême des États-Unis des libertés des femmes, soulignant que «l’avortement est un droit fondamental pour toutes les femmes».

«Il faut le protéger. J’exprime ma solidarité avec les femmes dont les libertés sont aujourd’hui remises en cause par la Cour suprême des États-Unis d’Amérique», a-t-il tweeté.

(AFP)

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